On attendait un rééquilibrage de la composante du gouvernement dans le sens des nouvelles réalités des partis de l'Alliance présidentielle avec une mention spéciale pour le FLN. Le remaniement partiel du gouvernement qui vient d'être opéré a réglé cette équation d'une tout autre manière. Plutôt que de bouleverser l'équilibre des forces existant entre les partis de la coalition gouvernementale, le président Bouteflika a préféré agir en amont en créant de nouveaux postes de ministres d'Etat confiés l'un au secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, l'autre au patron du mouvement Hamas, Bouguerra Soltani. Ministres sans portefeuille - l'ancien ministre des Affaires étrangères, M. Belkhadem, ayant été désigné en tant que représentant personnel du président de la République, un poste placé plutôt sous la coupe directe du chef de l'Etat que du chef du gouvernement à proprement parler - les premiers responsables des deux partis de la majorité présidentielle devraient donc avoir, à la faveur des aménagements apportés dans le nouvel organigramme de l'Exécutif avec la création de ces deux nouveaux postes de ministres d'Etat ès qualité majorité présidentielle, des relations filiales avec le président de la République. Le RND étant déjà de facto dans le pré carré présidentiel à travers la personne du chef du gouvernement, président du RND, l'autre formation de la majorité présidentielle. Le président Bouteflika n'a pas beaucoup apprécié jusqu'ici le manque d'engagement des deux partis de la majorité présidentielle dans le soutien au programme présidentiel. La mobilisation du Fln, du RND et du mouvement Hamas dans la sensibilisation, la défense et la mise en œuvre du programme du président de la République, que ce soit dans le cadre organique des partis respectifs ou à travers leurs ministres dans les différents secteurs d'activité qui leur sont confiés, aura été en deçà des attentes de Bouteflika, lequel du reste n'a pas manqué de le leur faire remarquer publiquement en diverses occasions. Ces nouvelles nominations rehaussées par ailleurs du titre d'excellence de ministres d'Etat, un poste consacré jusqu'ici exclusivement aux ministères de souveraineté comme l'Intérieur, les Affaires étrangères..., participent manifestement de la volonté du président Bouteflika d'impliquer davantage encore les partis de la majorité présidentielle dans la mise en œuvre de son programme en structurant organiquement cette majorité dans ses relations avec le chef de la majorité présidentielle qui n'est autre que Bouteflika. Si cette majorité s'est donné, il y a peu, un cadre organique interpartisans, elle pêche, en revanche, par un vide patent dans sa structuration verticale dans la mesure où le président de la République en tant que président de fait et de juré de la majorité présidentielle n'a pas de relations directes et opérationnelles avec les chefs de la majorité présidentielle. En créant cette passerelle entre lui et les partis, le président Bouteflika pourra à présent avec ces nouvelles nominations recadrer ses rapports avec le Fln, le Rnd et Hamas et mieux affirmer son emprise et son contrôle sur ces formations. Il pourra ainsi, tout en préservant officiellement le serment qu'il avait prêté d'être le Président de tous les Algériens en se situant au-dessus de la mêlée des partis politiques, prendre les commandes de la majorité présidentielle et de la coalition gouvernementale, qui n'arrive pas à atteindre le régime et l'efficacité sur le terrain escomptés par Bouteflika.