La visite de Abdelaziz Bouteflika, hier à Tlemcen, a été exclusivement consacrée à Ahmed Ben Bella même si, d'une manière subtile, il a parlé de concorde nationale et d'amnistie générale à travers « les qualités du premier Président algérien ». Le pardon, en premier. Midi, boulevard Commandant Djaber, Bouteflika se fond dans la foule. Il marche plus de deux cents mètres sous les youyous et les acclamations avant de rejoindre la résidence de la wilaya. 15h55, le chef de l'Etat entame son discours dans la salle de la bibliothèque centrale de l'université Abou Bakr Belkaïd. Il s'adresse directement à Ben Bella, assis à côté de lui : « Les hommes, ce sont leurs principes, leurs sacrifices. L'histoire, avec toutes ses étapes, n'a jamais renié ses hommes. » Allusion faite à cette journée de reconnaissance. Plutôt de véritable réhabilitation d'un homme, Ahmed Ben Bella, ému jusqu'aux larmes. Bouteflika rappellera l'itinéraire de Ben Bella, son enfance, sa jeunesse, son militantisme, ses actes héroïques pendant la guerre de Libération nationale. « En 1962, on avait besoin de votre sagesse, de votre expérience politique, de vos relations internationales. Vous avez été choisi pour vos qualités, pour votre souci de rendre l'Algérie heureuse », dira-t-il. Il lui rappellera même une de ses citations prononcée au lendemain de l'indépendance : « Qui accepte de voir un enfant se prosterner pour essuyer les chaussures d'un autre homme ? » De grands applaudissements et des moments d'émotion forts. Hier, c'était un hommage exclusif à Ben Bella. Un discours uniquement pour lui. Un discours où l'on a remarqué une certaine ellipse concernant les années malheureuses de Ben Bella. Peut-être que la meilleure preuve pour ce dernier d'avoir oublié ou pardonné à son pays, c'est son engagement à œuvrer pour aboutir à la réconciliation nationale, à l'amnistie générale. « Votre position vis-à-vis de la concorde civile et de la réconciliation nationale vous honore ! », dira-t-il à Ben Bella. « Merci M. le Président pour votre histoire élogieuse, merci pour tout », conclut-il. Sans un seul mot sur la Journée internationale de la presse.