En rejoignant l'équipe d'Ahmed Ouyahia au gouvernement, le président du MSP, Bouguerra Soltani, a franchi une étape que son prédécesseur, Mahfoud Nahnah, décédé le 29 juin 2003, n'avait pas osé franchir. Cela s'est passé non sans provoquer des tiraillements au sein de son parti. Car au lendemain de l'annonce officielle du remaniement partiel du gouvernement, les principaux cadres du MSP, dont Abdelmadjid Menasra et Ahmed Dane, avaient vertement critiqué leur chef en l'accusant d'avoir agi en solo. Depuis, la contestation s'est bien élargie en l'absence de Soltani, qui fait partie de la délégation du Président Bouteflika en visite en Amérique latine, laissant ses prérogatives à l'un de ses vice-présidents, Abderzak Mokri. Après la réunion urgente du bureau national, qui a eu la ferme conviction que le cas Soltani nécessite « un large débat », c'est le conseil politique qui a eu à examiner, mardi dernier, cette « nouvelle donne » qui met le MSP dans « la gêne » : perdre un portefeuille au gouvernement ou accepter la soumission du président de leur parti aux ordres d'un autre chef de parti, à savoir Ahmed Ouyahia, qui est secrétaire général du RND. Le conseil politique a débouché sur une déclaration qu'il soumettra, lundi prochain, au bureau national. Dans cette déclaration, les membres du conseil ont mis l'accent sur l'urgence d'étudier attentivement cette situation au sein du conseil consultatif, seul habilité à trancher la question. En attendant, des membres du conseil consultatif s'échinent à collecter les signatures de leurs collègues en vue de demander la tenue d'un conseil extraordinaire avant la fin du mois en cours. A l'ordre du jour, il y aurait un seul point : statuer sur le sort de Bouguerra Soltani, qui, encore frais, semble très attaché à son poste au gouvernement. Entre destitution et confirmation, c'est la première qui rime avec le climat régnant à la maison MSP. Mais pour en finir rapidement avec ce miniconflit, les contestataires de la décision du président et porte-parole du parti doivent réunir le quorum - 104 membres - pour demander la tenue d'une réunion extraordinaire du conseil consultatif. Selon un cadre du parti, cela s'apparente plutôt à une sinécure. Car, toujours d'après lui, la plupart des membres du conseil sont prêts à se réunir en urgence pour étudier la situation. Ainsi, au plus tard le 15 juin, date de la réunion ordinaire du conseil consultatif, le sort de Soltani sera connu.