Les 4010 exploitations agricoles (EAC et EAI), dont 3500 à caractère individuel, que compte la wilaya d'Oran seront passées au peigne fin par les services de la Gendarmerie nationale d'Oran. « L'enquête, diligentée par une brigade spécialisée dans le domaine du foncier et ayant à sa tête un officier du groupement de la wilaya, vient d'être entamée. Nos services ont déjà pris en charge trois exploitations », a affirmé, à un groupe de journalistes, le commandant du groupement, le colonel Mohamed Tahar Benamane. L'officier supérieur, qui s'exprimait en marge d'un point de presse consacré à la criminalité, a reconnu que ce travail nécessitera « du temps ». « Mais aucune parcelle ne sera omise. Nous nous réserverons le temps nécessaire pour que le dossier soit totalement ficelé et transmis à la justice. » Et d'ajouter : « L'enquête sera menée en étroite collaboration avec les services concernés de la wilaya d'Oran, à savoir les Domaines, la Direction de la réglementation générale (DRAG) et les Directions des services agricoles. » Le rétrécissement telle une peau de chagrin des surfaces agricoles utiles (SAU) de la région oranaise a fait réagir l'administration locale. A l'instar de la wilaya d'Alger, où le scandale du domaine Bouchaoui défraie encore la chronique, les autorités locales ont saisi la justice afin, martèle-t-on, d'arrêter le « massacre ». En effet, la banlieue de la capitale de l'ouest qui, il y a quelques années, suffisait à elle seule à approvisionner la ville en produits maraîchers, est aujourd'hui méconnaissable. De nombreux quartiers « huppés » ont vu le jour, ces dernières années, sur des terres relevant du domaine agricole. Cela a été rendu possible grâce au « désistement » des fellahs, au grand dam de la réglementation. Les agriculteurs n'ont qu'un droit de jouissance, mais ne sont en aucun cas habilités à négocier une « vente » ou un « désistement », fusse-il à une collectivité locale (APC). La région d'Oran recèle des richesses foncières agricoles qui peuvent encore être sauvées, relève-t-on. Les plaines de Boutlelis, Misserghine, Bousfer, El Anceur ou Oued Tlélat, pour ne citer que ces « paradis agricoles », ont déjà subi l'avancée du béton. Un état de fait que le Tout-Oran impute à la maffia du foncier, qui, faut-il le souligner, agit de la même manière que sa « consœur » algéroise. Ayant des ramifications dans l'administration, la spéculation foncière (agricole) est directement responsable de la perte de milliers d'hectares. Aujourd'hui saisie du dossier, la Gendarmerie nationale assure qu'elle ne fera pas de quartier. « Tous les gens mis en cause seront interpellés », assure-t-elle, et « à la justice de trancher », souligne-t-on auprès du groupement d'Oran.