Tandis que le président de la république, Abdelaziz Bouteflika, soulignait, hier, lors de son allocution au colloque international sur les massacres du 8 mai 1945, l'importance pour le peuple algérien de voir enfin la France reconnaître les actes commis à l'époque de la colonisation, l'ambassadeur de France, Hubert Colin de Verdière, a déclaré devant le personnel de l'ambassade : « je salue, en notre nom à tous, le courage des artisans de cette victoire : français, algériens et militaires alliés. 135 000 algériens ont combattu à nos côtés pendant la seconde guerre mondiale. Nous leur rendons hommage, comme aux militaires, français et alliés », indique un communiqué. Et parce que la date du 8 mai 1945 est également celle commémorative des massacres de Sétif, l'ambassadeur ajoute : « et puisque nous servons en Algérie, nous ne pouvons, moins que quiconque, oublier la tragédie qui a marqué ici la légitime célébration de la victoire. Gardons la mémoire de toutes les victimes, dans une démarche exigeante, donc volontaire, celle de la vérité », précise le communiqué. L'ambassadeur de France avait déjà, le 27 février dernier, à l'université Ferhat Abbas, fait allusion au devoir de mémoire devant être accompli par la France. « Notre passé commun a été marqué par des tragédies (...) je me suis incliné à la mémoire du jeune Saâl et de tous ces européens qui reposent au cimetière chrétien, par devoir de mémoire. Ces deux exercices signifient regarder ensemble vers l'avenir sans pour autant oublier le passé », avait alors déclaré l'ambassadeur de France. Ce dernier avait en effet déposé une gerbe de fleurs à la placette Saâl Bouzid, premier martyr des événements du 8 mai 1945. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en visite à Alger le 26 avril dernier, avait emboîté le pas à l'ambassadeur de France en déclarant : « La colonisation est regrettable. » Aussi, les archives des événements du 8 mai 1945 sont ouvertes depuis 2001. Les plus confidentielles ont été mises à la disposition des historiens et chercheurs des deux pays. Mais rappelons, malgré les multiples déclarations d'officiels français, la récente loi française qui juge « positif » le passé colonial en France et qui fait écho à plusieurs décisions de la justice française, saisie à l'occasion de l'instauration dans le code pénal français de la notion de crime contre l'humanité. La cour de cassation, saisie par des moudjahidine algériens qui demandaient réparation suite aux crimes commis lors de l'époque coloniale, avait cassé l'affaire au motif que les événements de l'époque avaient été touchés par une loi amnistiante.