Une délégation de l'Institut technique des cultures maraîchères et industrielles (ITCMI) de Staouéli s'est déplacée dernièrement à Skikda pour voir de plus près les potentialités intrinsèques de l'ail rouge d'El Harrouche en vue d'une éventuelle labellisation. Rencontrée en marge de sa mission, Mme Amirouche, ingénieur agronome et chef de service à l'ITCMI, a tenu d'abord à préciser que la wilaya de Skikda a été proposée pour bénéficier de trois projets de labellisation des produits de terroir : l'huile d'olive, l'ail rouge et la fraise. Les deux derniers produits sont pris en charge par l'ITCMI. Le travail de l'institut est porté actuellement sur le dossier de l'ail rouge uniquement et la labellisation de la fraise locale devra encore attendre. Mme Amirouche justifie cette priorité par « la stratégie » des produits en expliquant que « l'institut travaille actuellement sur plusieurs projets comme la pomme de terre d'El Oued, la carotte muscade de Meskiana, la tomate marmade de Biskra... On a opté en priorité pour les produits stratégiques et plusieurs autres figurent encore en liste d'attente, à l'exemple de la fraise de Skikda ». Le choix porté sur l'ail rouge d'El Harrouche est motivé par deux facteurs, d'abord la superficie assez signifiante des terres cultivées, plus de 800 ha, ensuite les qualités propres de l'ail rouge qui y est cultivé. Selon Mme Amirouche, le produit dispose de plusieurs caractéristiques qui font sa spécificité. En plus de sa couleur et de son goût piquant, l'ail d'El Harrouche se conserve beaucoup plus longtemps. Le travail de l'ITCMI devrait, aux dires de Mme Amirouche, permettre de juger de la singularité du produit et ce après l'accomplissement de plusieurs analyses du produit et des sols où il est cultivé actuellement. « Notre travail se fera en plusieurs phases et on aura à transplanter les semences originaires dans d'autres régions en veillant à garantir les mêmes techniques culturales, le même fumier. » Ce procédé devrait permettre de définir la corrélation entre le produit et son environnement originel. Le travail de l'ITCMI s'achèvera en 2007 et les analyses finales, qui seront faites sur le produit implanté sur d'autres sols, auront alors à déterminer la spécificité du produit. Mme Amirouche pense que l'ail d'El Harrouche a de bonnes chances d'être labellisé. La phase finale sera alors d'opter pour une appellation d'origine contrôlée (AOC) et des démarches d'exportation seront alors engagées. « L'ITCMI aura à accompagner les agriculteurs dans toutes les phases de la labellisation qui, une fois acquise, devra nous amener à poursuivre notre assistance aux producteurs. Nous aurons alors à les aider d'une éventuelle adaptation au marché international par un suivi permanent. » L'ail d'El Harrouche, jadis exporté, est très prisé pour ses qualités nutritives et curatives. Il est cultivé aussi à Sidi Mezghiche et M'zej D'chich avec un rendement de 30 à 40 q/ha. Des agriculteurs avancent que des semences du produit local auraient été introduites illégalement en Tunisie où il est planté sur des terres frontalières.