Des médecins généralistes du secteur public et des épidémiologistes de l'ouest du pays ont assisté, mercredi au siège du secteur sanitaire de Sidi Bel Abbès, à un regroupement régional portant sur la conception et la mise en œuvre du projet Euro-Mediterranean Public Health Information System (emphis). Projet pilote initié par le ministère de la Santé en partenariat avec la Communauté européenne pour la surveillance épidémiologique de la tuberculose dans trois pays du Maghreb : l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Elaboré pour une durée de 42 mois sous l'égide de la fondation Mérieux, il prévoit de développer des systèmes d'informations en santé publique dans la région méditerranéenne permettant à l'avenir « le renforcement de la surveillance dans la lutte contre la tuberculose, que l'on appelle aussi programme WP3 », explique le professeur Boulahbal de l'institut Pasteur. Il a pour objectif, en outre, de développer un enseignement à distance en intégrant des moyens de communication modernes, notamment l'internet, la présentation et le contrôle de la tuberculose, le partage des données épidémiologiques entre les différents pays du Maghreb ainsi que la formation des personnels de la santé au niveau national et maghrébin.« On est en train, avec les médecins aujourd'hui réunis, de mettre au point un instrument - CD Rom - qui sera à la portée du corps médical et des étudiants en médecine. Nous allons non seulement cordonner la formation d'enseignants algériens, mais aussi celle des Tunisiens et des Marocains. C'est très important pour nous, parce que les cas de tuberculose qui vont apparaître dans les vingt prochaines années sont déjà programmés et nous devons nous y préparer dès maintenant », observe le professeur Pierre Chaulet, qui participe à la formation des praticiens de la santé publique. « Si on arrive, en permanence, à détecter et à traiter - gratuitement - tous les cas de tuberculose, malgré la globalisation et le mercantilisme rampant, on peut espérer que d'ici dix ans on assistera à une baisse du nombre de tuberculeux dans la région », suggéra-t-il. Selon lui, l'Algérie avec ses 9 millions d'habitants comptait 18 000 tuberculeux en 1962. « 3 ou 4 000 cas seulement étaient détectés. Alors qu'aujourd'hui on arrive à déceler presque tous les cas de tuberculose. Cependant, il ne faut pas confondre entre les taux de traitement de la tuberculose réalisés depuis et les chiffres absolus de l'infection, qui demeurent peut-être les mêmes. Ce qu'on espère, c'est de voir nos chiffres absolus diminuer en dépit d'une croissance démographique soutenue », dira-t-il.