Des experts nationaux dans le domaine des risques majeurs devaient arriver hier en fin de journée dans la wilaya de Béjaïa pour explorer la possibilité de recourir au dynamitage pour dégager la RN9, coupée à la circulation depuis lundi soir, après l'éboulement survenu à l'entrée de la ville d'Aokas (voir notre édition d'hier). Des experts étrangers dans le maniement des explosifs, ceux en premier lieu engagés sur les chantiers du métro d'Alger et du tunnel en construction à Bouira, devraient les rejoindre aujourd'hui pour un diagnostic définitif sur la situation, et partant, arrêter un procédé d'intervention. Ce sont là les décisions prises sur place hier par le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, venu constater l'ampleur des dégâts. Les délais avancés par les autorités locales - moins d'un mois de travaux pour rouvrir l'axe routier - ont été jugés excessifs par le ministre, compte tenu du caractère névralgique du tronçon qui relie la wilaya de Béjaïa à celle limitrophe de Sétif et de Jijel moyennant un trafic ordinaire de 22 000 véhicules/jour. La région pourrait être, par ailleurs, lourdement pénalisée à quelques semaines de la saison estivale, moment de l'année où l'activité dans les localités d'Aokas, de Souk El Ténine et de Melbou est éperonnée. Le recours à la collaboration de l'armée et du ministère des Transports pour achever de dégager les rochers en les halant à partir de la mer a été, par ailleurs, avancé dans ce propos. L'éboulement de lundi dernier a pratiquement détaché un flanc rocheux de la montagne qui surplombe la route et dont de gros quartiers ont été projetés dans la mer. L'affaissement, qui a épargné le fameux tunnel d'Aokas, a tout enseveli sur un linéaire de 120 mètres. Du jamais vu sur cette corniche, certes connue pour sa nature caverneuse et ses excavations naturelles. Les engins engagés - un rétrochargeur et deux brise-roches - pouvaient à peine manœuvrer, selon les techniciens sur place, ce qui rend la tâche plus problématique encore. Le danger de nouveaux détachements de roche n'est pas à écarter tant la montagne présente de nouvelles fissurations. Une raison qui a poussé le ministre à décider la fermeture de la route du Cap, un accès secondaire situé en surplomb, également ébranlé et servant jusqu'à hier aux déplacements des écoliers. Une dizaine de Zodiac et autres petites embarcations devraient être mobilisés pour assurer un semblant de liaison maritime avec la ville d'Aokas. Une mesure également décidée par M. Ghoul et venant en fait conforter de jeunes pêcheurs de la région qui, depuis avant-hier, ont improvisé un pont maritime entre les deux côtés coupés par l'éboulement avant que les gardes-côtes n'y mettent un terme. Les navettes seront gratuites et organisées, s'engage le ministre, qui annonce à l'occasion qu'une expertise d'envergure concernant l'état de toute la corniche s'étalant de Béjaïa à Skikda et engageant des bureaux d'études de renommée internationale est d'ores et déjà inscrite sur les tablettes de son département en vue d'une vaste opération de confortement.