Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a relevé, jeudi, lors d'une journée d'étude sur la situation de la CNAS, « l'ampleur du phénomène de la falsification » qui caractérise la caisse depuis des années. La falsification, dit-il, a engendré une augmentation considérable de la facture du médicament, qui est passée de 33,3 milliards de dinars en 2003 à 40,5 milliards de dinars en 2004. Et d'appeler à « renforcer le contrôle médical pour mettre fin aux dépassements et arrêter avec précision la liste des assurés sociaux atteints de maladies chroniques ». L'absence d'harmonisation des méthodes de travail au niveau des agences de la Sécurité sociale et la lenteur dans le traitement des dossiers, qui, dit-il, diffère d'une agence à une autre, ont été également évoquées par le ministre. Tout en soulignant « l'amélioration partielle » constatée depuis deux années au niveau des structures d'accueil et de prise en charge des assurés sociaux, le ministre a annoncé une série de mesures visant à améliorer les services de la CNAS. La modernisation de la CNAS, l'amélioration des prestations, la politique du médicament, la contractualisation et l'établissement de la carte magnétique constituent les cinq grands dossiers. Le ministre s'est dit favorable à « la généralisation du payement par chèque postal ou bancaire afin d'alléger la pression sur les centres et de mettre un terme à la triche ». Se référant aux rapports établis par l'Inspection du travail et les contrôleurs de la Sécurité sociale, M. Louh a révélé, mercredi, que la non-déclaration des travailleurs est assez répandue dans les entreprises du secteur privé. Celles qui employent moins de dix travailleurs accusent un taux de 32,6% en 2004. L'Inspection du travail a contrôlé, en 2004, quelque 2400 entreprises employant plus de 100 travailleurs. Il en ressort un taux de 2% de travailleurs non déclarés à la Sécurité sociale. « Au sein du gouvernement, nous avons qualifié ce phénomène de fraude générale, car cette pratique se répercute d'une manière négative sur l'économie nationale. Néanmoins, les pouvoirs publics sont déterminés à lutter contre la non-déclaration des travailleurs auprès de la CNAS », dira M. Louh. En 2004, sur environ 4600 entreprises employant 13 787 travailleurs, 6128 travailleurs, soit 32,61%, n'étaient pas déclarés. Les opérations en question, selon le ministre, ont eu des résultats favorables pour la CNAS puisque le nombre des assurés est passé de 5,5 millions en 1995 à 7,8 millions en 2004.