À une année de l'entrée en vigueur de la contractualisation, les cadres du secteur, réunis ce week-end à l'hôtel Riadh de Sidi-Fredj, ont décidé d'une batterie de mesures pour revoir la politique du médicament et le fonctionnement de la lourde machine de la Sécurité sociale. La refondation de la Sécurité sociale avance à grands pas. Deux journées d'étude lui sont consacrées depuis avant-hier à l'hôtel Riadh de Sidi-Fredj. Une armada d'experts et de cadres du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, ainsi que les directeurs des caisses de toutes les wilayas, ont débattu jeudi dernier tous les aspects de la réforme proposée par Tayeb Louh, premier responsable du secteur. Tout le monde s'accorde à dire, en effet, que plusieurs touches doivent être apportées à ce service public agonisant qui continue de subir les contrecoups de l'ancien mode de gestion en vue de l'adapter aux nouvelles orientations économiques du pays. La facture du médicament a atteint 40 milliards de dinars l'an dernier, a déclaré le ministre du Travail et de la Sécurité sociale à l'ouverture des travaux. Ce chiffre qu'il impute aux différents dysfonctionnements du système est dû aussi, selon lui, à la pratique de falsification rendue possible par le vol des archives. La Sécurité sociale doit donc faire, rapidement, sa mue et trouver les mécanismes qui puissent lui permettre un bon fonctionnement. Outre les solutions qu'il faudra apporter à la question des créances de cotisation détenues sur l'Etat, les problèmes induits par l'investissement et l'emploi des jeunes, et les entreprises en liquidation, les responsables du secteur doivent faire face à la problématique du médicament. Un cadre du ministère du Travail, qui a constaté, d'ailleurs, une forte augmentation du remboursement du médicament ces dernières années, a souligné que 180 produits, à eux seuls, représentent 80% des remboursements dont le tiers payant et les produits innovés en constituent respectivement 30% et 40%. Le prix de ces produits est, au demeurant, une autre “paire de manches”. Etant constamment en évolution, le prix de certains produits a augmenté de 300% en une année. C'est en fait toute la problématique du tarif référentiel qui se pose avec acuité. Une batterie de mesures est, en effet, préconisée pour venir à bout de cet inextricable problème. D'emblée, c'est la révision de la nomenclature des produits, à commencer par les médicaments pour les maladies chroniques. Un travail est en train de se faire dans le cadre du programme de l'exercice 2005, indiquent les cadres du secteur qui se fixent comme objectif de faire la synthèse de toutes les données nationales pour l'établissement d'une liste qui verra l'intégration de nouveaux produits et l'exclusion d'autres. D'autres mesures sont, par ailleurs, prévues pour résoudre la problématique du tiers payant. Pour en rationaliser les dépenses, il est préconisé le contrôle médical pour tous les remboursements dépassant la barre des 1 500 dinars. Ajouter à cela la création d'un fichier national des assurés en s'appuyant, entre autres, sur la généralisation des services et antennes des hôpitaux. Mais tout cela doit passer par la modernisation des systèmes de gestion dans tous ses volets : services électroniques, vulgarisation des textes réglementaires, du guide de procédures et de la liste des médicaments remboursables. Tous les experts regroupés ce week-end à l'hôtel Riadh de Sidi-Fredj ont affirmé, en effet, que cet aspect de la réforme de la Sécurité sociale, qui a trait aux ressources humaines, représente un dossier lourd pour le département de Tayeb Louh. La Cnas en est déjà la pierre angulaire de son redressement. Dans un document rendu public, ses responsables tablent sur “le rétablissement de la discipline, et la responsabilisation de l'encadrement”. Mais ce n'est pas tout. Cet organisme public, indique la même source, prévoit le contrôle des cliniques et des hôpitaux conventionnés. Il préconise aussi la révision des conventions la liant aux établissements par l'introduction de clauses visant l'obligation de résultats. Dans le cadre de sa politique du médicament, outre la favorisation du forfait par pathologies afin de diminuer le coût des transferts, la Sécu se fixe, par ailleurs, l'objectif de lancer “la concertation et le dialogue avec les praticiens pour mettre fin à la surmédicalisation et éviter de prescrire les médicaments de confort”. En somme, le système de la Sécurité sociale va être revu et corrigé. Tayeb Louh a donné des directives pour la généralisation du remboursement par chèques postaux, l'intensification du contrôle médical pour réduire la fraude et la formation du personnel, une question récurrente lors de ces deux journées d'étude. La politique de contractualisation qui devrait entrer en vigueur à la place du forfait hôpitaux, dans moins d'une année, ne peut se faire sans l'application de toutes les nouvelles mesures. La Sécu par les chiffres Dépenses : 40 milliards de dinars en 2004 Système tiers payant - Nombre de titulaires de cartes maladies chroniques et retraités : 1 006 809 au 31 décembre 2004 - Nombre d'ordonnances par titulaire : 9,30 en 2004 - Montant moyen de dépenses par titulaire : 18,408 dinars - Evolution des dépenses de produits pharmaceutiques réglées dans le cadre du tiers payant : - 2003 : 11 981 907 728 dinars - 2004 :18 532 989 566 dinars Augmentation de 67% K. D.