Le cercle des organisations hostiles à la visite d'Amnesty International (AI) en Algérie s'élargit. Directement concernée, du fait de la politique qu'elle compte mettre en œuvre, l'Alliance nationale pour la réconciliation nationale et l'amnistie générale (ANRNAG) est tombée hier à bras raccourcis sur l'ONG internationale, accusée d'être à la solde du lobby socialiste français et du lobby sioniste. « Nous devons faire face aux ONG internationales qui ont touché le président de la République et l'Administration. Elle nous accusent de vouloir, à travers l'amnistie générale, cacher des criminels. Nous n'avons besoin d'aucune ingérence étrangère », a répliqué Abdelmalek M'barek Serraï, président de l'ANRNAG, lors d'une conférence-débat organisée au club El Moudjahid. Comptant de nombreux dissidents de la Commission nationale de l'amnistie générale (CNAG), l'ANRNAG est née le 8 mai 2005. Elle regroupe déjà 25 associations, toutes acquises à l'amnistie, et souhaite investir le milieu estudiantin. L'alliance, indiquent ses fondateurs, est venue justement pour faire bloc contre les velléités des ONG internationales, Human Rights Watch (WRW) et la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), entre autres, de faire échec à l'amnistie générale que le Président Abdelaziz Bouteflika compte soumettre à un référendum. Elle a vu le jour en raison également des luttes de leadership apparues au sein de la CNAG. Selon M. Lahoual, président de l'association Continuité des générations, ces rivalités n'étaient pas justifiées, car aussi bien la vie de la CNAG est comptée, elle disparaîtra au lendemain du référendum. Aussi, il a appelé à garder la porte fermée devant les opportunistes. « La CNAG est dépassée », a ajouté, de son côté, M. Serraï, tout en soutenant avoir toujours de bonnes relations avec l'ancien président de la République, Ahmed Ben Bella. Sur le terrain, l'ANRNAG fait face à des résistances : des familles des victimes de la décennie noire ne veulent pas passer l'éponge aussi facilement. Il s'agit particulièrement des familles des personnes enlevées par les agents des services de sécurité et portées disparues à ce jour. Leurs proches exigent de connaître le sort qui leur a été réservé. « Tous ces gens vont avoir l'opportunité de s'exprimer. Nous sommes pour le dialogue. Et dans la mesure du possible, nous espérons être à la hauteur de proposer des solutions », a répondu M. Serraï, sans plus de détail.