Farouk Ksentini, Miloud Brahimi, Saïda Benhabylès, M'barek Seraï et d'autres ont dénoncé la visite d'une délégation d'Amnesty International en Algérie la considérant comme une ingérence dans les affaires intérieures du pays. De leur côté, des repentis de Relizane ont émis le vœu de rencontrer la délégation d'Amnesty. La présente visite en Algérie d'une délégation d'Amnesty International a suscité bien des grognements. Certains animateurs d'une table ronde sur l'amnistie générale, organisée, hier, au siège d'El Moudjahid, ont descendu en flammes l'ONG de Pierre Sane, adepte du fameux “Qui tue qui ?”, lui reprochant vivement ses positions antérieures sur l'Algérie. Farouk Ksentini, président de la commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (CNCPPDH), a indiqué : “Amnesty International est en Algérie pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme. C'est son boulot. En ce qui nous concerne, nous avons accepté la venue de cette ONG, qui prétend gouverner le monde, pour lui dire en face qu'elle s'est lourdement trompée en ce qui concerne l'Algérie qui est une maison de verre”, a-t-il indiqué. Zahia Benarous, ex-secrétaire d'Etat à la Culture, a soutenu, quant à elle, que “les ONG internationales ne nous font pas peur. Nous avons des organisations de la société civile qui peuvent leur répondre”. Pour Malek Mebarek Serraï, membre de la direction de la commission nationale de l'amnistie (Cnag), la visite d'Amnesty n'est rien d'autre qu'une “interférence” dans le travail des organisations comme la Cnag et celle de Farouk Ksentini. “Tout le monde est conscient que le problème est national et que les solutions doivent être trouvées entre nous. Je refuse une quelconque leçon du fils du colonisateur d'hier. Nous refusons toute interférence car nous savons ce qui se trame derrière. À Amnesty et autres ONG, nous disons ça suffit, nous sommes capables de régler nous-mêmes nos problèmes”, s'est-il élevé. Mme Saïda Benhabilès, ex-ministre, a qualifié, quant à elle, cette visite d'“ingérence”. Elle s'est dit “désolée” et “ne pas comprendre” la présence d'Amnesty en Algérie. Elle n'a pas manqué de dénoncer “l'attitude des deux poids deux mesures” d'Amnesty dans son traitement de la question des droits de l'homme. Pour sa part, Me Miloud Brahimi a soutenu que “les positions regrettables et inadmissibles” d'AI sont pour quelque chose dans le prolongement de la crise algérienne. Pour lui, la présente visite est motivée par un dessein : “remettre en cause une démarche politique”, à savoir celle de la réconciliation nationale prônée par le président de la république. “Les droits de l'homme sont une espèce de continuation de la guerre contre le peuple algérien”. “Nous avons un problème avec la gauche française. Cette ONG et bien d'autres en ont des liens”, s'est-il offusqué avec elle. Ne voyant pas tout en noir, Me Brahimi trouve néanmoins que “tout ce que dit cette ONG n'est pas faux”, surtout en ce qui concerne les crimes contre l'humanité. Pour lui, les crimes terroristes sont à cataloguer dans le registre des crimes contre l'humanité. Bien plus, il estime que les algériens doivent reconnaître leurs insuffisances. “Pendant longtemps, nous avons laissé le terrain totalement libre et refusé de communiquer. Aujourd'hui, il y a lieu de s'ouvrir sur l'extérieur, de dialoguer avec ces ONG pour les convaincre de ce que nous faisons”. Pour rappel, la délégation d'Amnesty est en Algérie depuis vendredi dernier pour un séjour d'une quinzaine de jours. Elle a rencontré certaines organisations de la société civile et compte le faire avec d'autres comme celle de Ksentini. Tout comme elle s'entretiendra avec des responsables politiques comme le ministre de l'intérieur avec lequel elle abordera la question de l'état d'urgence. D'autres ONG à l'image de Human right Watch, emboîteront bientôt le pas à Amnesty. A. C.