Prenez un trio basique, batterie-basse-guitare, et ajoutez-y un violoniste nourri à la mamelle orientale et vous obtenez Sinouj, une formation de jazz atypique plongée dans les expériences de fusion. Notre unique porte-drapeau dans cette troisième édition du Dimajazz devait se produire en première partie de la soirée de mardi et convaincre un public devenu exigent depuis qu'il est accroché à de grosses pointures. Test difficile pour le quartet constantinois qui n'a pas joué devant son public depuis très longtemps. Mais la bande de Aziz Djemmam n'a pas raté sa sortie. Toujours en quête d'identité, le groupe a montré néanmoins une maturité remarquable dans sa personnalité grâce aux nouvelles compositions. Majazz, le morceau qui introduit le spectacle, résume d'ailleurs se penchant vers le mélange entre les musiques modales de ce côté-là du monde et les sources du jazz. Le tout construit sur des grilles rythmiques toujours complexes à l'image d'Alger- Constantine composé avec Fabrizio Cassol, saxophoniste d'Aka Moon. Ce n'est pas d'ailleurs le son distorsionné de la guitare de Kheireddine Dehkal ni le jeu Funky du bassiste Ammar Zahi qui joueront en « trompe-l'oreille ». Le violon étincellent de Larbi Sassi, sorti du conservatoire de Tunis, ne souffre, quant à lui, aucune ambiguïté. Sinouj a déployé également un jeu joyeux et sans complexe (Shahnaz, Bagdad et Berab Blues) pour enflammer la salle et finir par ramasser le plébiscite. Dans un registre différent, le Peter Hertmans Trio a pris le relais. Le guitariste flamand, qui donne son nom au groupe, revient à Constantine après son passage l'année dernière avec le groupe Greetings From Mercur. Cette année, il a ramené dans ses bagages deux vedettes de la scène mondiale du jazz : les Italiens Bruno Castellucci à la batterie et Salvatore Larocca à la contrebasse. Le public curieux est tout de suite transporté sur une autre planète grâce au jeu aérien et clean de Peter. Le spectacle est entamé par une mélodie nostalgique Crying no more avant que le trio n'affiche des facettes groovy et enjouées Is that you amené par la bonhomie de Bruno au touché exceptionnellement fin et aux histoires de Sal racontées avec humour et précision dans des solos impressionnants. Le festival constantinois poursuit son rythme et ne cesse de surprendre. Son importance est soulignée d'ailleurs par le comédien Smaïn venu soutenir les jeunes organisateurs et rencontrer le public. Son apparition sur scène mardi soir a failli provoquer l'hystérie.