La famille Kaouane, habitant seule la maison sise au 5, rue Kherrab Saïd dans le quartier de La Casbah, est secouée depuis l'incident qu'elle a connu dans la journée du 28 avril dernier. Une bonne partie du premier étage de la bâtisse, qui l'abrite depuis cinq ans, s'est complètement effondrée. « Le choc était tellement important que tout le voisinage qui a fui les lieux avait cru à un séisme », nous rapporte Mme Kaouane, toujours sous le choc. Cette dernière n'oubliera pas de sitôt les durs moments de panique vécus avec ses deux enfants, âgés de 7 et 2 ans, traumatisés jusqu'à ce jour par l'incident. La famille Kaouane attendra longtemps l'intervention des services de la Protection civile, arrivés selon notre interlocutrice trois heures après les faits, pour se contenter de faire le constat des dégâts, sans même daigner apporter un soutien moral aux victimes. Craignant le danger qui menace sa famille, M. Kaouane, fonctionnaire de son état, décide de quitter provisoirement la bâtisse pour trouver refuge chez sa tante, dans un bidonville au lieudit Fedj Errih. Trois jours plus tard, le couple qui décidera de saisir les autorités de la ville, toujours sans aucune information de l'effondrement, essuiera mépris et nonchalance. « Nous avons tenté vainement de voir le chef de daïra dans son bureau pour lui expliquer notre situation », nous dira M. Kaouane. « Tout en refusant de nous recevoir, le chef de daïra nous a signifié, après sept heures d'attente dans le couloir, qu'il ne pourra rien faire pour nous. Il ira jusqu'à nous conseiller, d'une manière laconique de voir avec le wali de Constantine si nous avons un quelconque moyen de le contacter », dira le père de famille. « J'aimerai bien aller voir le wali de Constantine, mais je sais pertinemment qu'il demeure impossible d'avoir une simple audience avec lui », nous signifiera Mme Kaouane. Le couple affirme avoir déposé deux demandes de logement social auprès des services de l'APC et attend toujours une réponse depuis 1996. Plusieurs commissions sont passées et ont bien noté le degré des risques de La Casbah qui présente un danger réel aussi bien pour ses habitants que pour le voisinage. L'accès par des escaliers exigus et déformés à la bâtisse, composée de deux étages, permet de révéler un état des lieux déplorable. Au premier étage où les odeurs de renfermé vous frappent les narines, un grand cratère occupe une bonne partie d'un décor lugubre. A côté, une pièce poussiéreuse, obscure et inhabitable, après avoir perdu ses appuis, est fermée depuis longtemps. L'escalier étroit, permettant à peine le passage d'une personne, mène vers un petit couloir incliné pour donner accès à deux minuscules pièces au deuxième étage sous une toiture qui laisse filtrer l'eau aux moindres chutes de pluie. Au bout du désespoir, la famille Kaouane qui vit toujours dans l'insécurité ne sait plus à quel saint se vouer. Habitant une véritable bombe à retardement, ses membres ne connaissent plus le sommeil et craignent de périr ensevelis sous les décombres. Pour mémoire, dans ce quartier, un cas similaire s'est produit en janvier 2004. Une bâtisse sise à la rue Souidani Boudjemaâ, non loin du siège de la wilaya, s'est effondrée faisant un mort et deux blessés.