Les brigades de contrôle de la qualité ont mis la main sur d'importantes quantités de chocolat, produits de confiserie et corps gras d'importation depuis longtemps périmés. Ces instructions avaient été élaborées à la suite d'informations concordantes parvenues au ministère faisant état d'importations massives de produits alimentaires périssables à très court terme. Chocolat en tablette ou fourré, bonbons et caramels, corps gras, extraits pour la fabrication de boissons, gâteaux et fruits secs en provenance de divers pays d'Europe sont entrés ces derniers mois sur le territoire algérien via la Tunisie. Ce sont des produits en état de péremption que des importateurs peu scrupuleux n'ont pas hésité à mettre en vente sur le marché national. Dans sa note, le ministère du Commerce aurait insisté sur la nécessité d'une action immédiate à même de permettre la saisie, sans préjudice des poursuites judiciaires à l'encontre des commerçants, des produits en question. La liste des produits suspects établie par les directions de wilaya du commerce, à l'image de celle de Annaba, ne cesse de s'allonger. Au-delà des chiffres avancés, l'on relève l'inconscience de ceux parmi les commerçants qui, sans aucun scrupule, commercialisent des produits alimentaires dont la date de péremption a été atteinte. Dans le milieu médical, l'on affirme que le marché algérien de la consommation s'est transformé en un immense dépotoir de tous les produits alimentaires et autres atteints de péremption, issus de divers pays européens. « Les spécialistes de l'exportation des denrées alimentaires ne reculent devant rien pour s'enrichir. Au lendemain des grandes fêtes chrétiennes gPâques, Nativité, ils n'hésitent pas à faire la tournée des usines pour acquérir au plus bas prix les stocks invendus. Avant de les introduire en Algérie, ils prennent la précaution de changer les étiquettes ou les emballages sur lesquels sont inscrits les périodes de péremption. L'affaire de la semoule pleine de vermine commercialisée est un secret de Polichinelle à Annaba. Au lieu d'être incinérée, cette semoule a été passée au tamis par des vieilles avant d'être mise sur le marché et consommée », a indiqué un cadre du ministère du Commerce. Une source médicale contactée a exprimé ses appréhensions quant aux cas de rhabdomyolyse grave qui peuvent surgir d'une consommation de chocolat périmé. La même source a précisé que la rhabdomyolyse est une pathologie qui détruit les cellules des muscles entraînant pour le sujet atteint une paralysie suivie d'une mort par étouffement. Contacté, le docteur Lehtihet, directeur de la santé de la wilaya de Annaba, a préféré laisser le soin à un toxicologue d'émettre un avis sur la question. Avec d'infinies précautions dans ses propos, le professeur Saâdia, directeur général du centre hospitalier universitaire Ibn Rochd de Annaba et chef de service ORL à l'hôpital Dorban, s'est limité à dire que généralement le chocolat, périmé ou pas, ne contient pas de facteurs à même d'entraîner la rhabdomyolyse. Il confirme cependant que cette pathologie est mortelle. A la direction du commerce de la wilaya de Annaba, l'on a estimé que la commercialisation de produits alimentaires périmés est un acte grave. Dans sa circulaire adressée aux 48 directions de wilaya du pays et celles régionales, le ministère du Commerce a souligné l'urgence des opérations de contrôle qui doivent cibler particulièrement les chocolats et les produits de confiserie. Pourquoi « le chocolat particulièrement », si le même ministère n'avait pas été informé de graves risques qu'encourent les consommateurs ? Ainsi, après l'importation du rond à béton irradié, concentré de tomates à base de matières chimiques, les arômes et édulcorants à haute teneur cancérigène, destinés à la fabrication des produits alimentaires dont les boissons gazeuses, et tout récemment le sel non iodé produit localement, c'est à un empoisonnement aux chocolats, sucreries et confiseries que les importateurs et autres spéculateurs destinent les consommateurs algériens. Quand on sait que ces derniers sont en majorité des enfants, il y a de quoi frémir d'horreur.