Plus de deux cents personnes ont barré, dans l'après-midi de mardi, les deux grands axes routiers menant vers Alger ou permettant d'y venir durant près de cinq heures. La raison était bien simple pour le commun des automobilistes bloqués, mais combien révoltante pour les auteurs de ce mouvement appelé à se renouveler : l'affichage de la liste des 90 bénéficiaires de logements à Diar El Bahri par le chef de la daïra de Ouled Yaïch, à laquelle est rattachée la commune de Béni Mered. Les personnes, surtout des chefs de famille, ont pris d'autorité le tronçon passant sous les rails, à l'entrée de la commune, et se sont allongées sur le bitume, obligeant ainsi les automobilistes à s'arrêter et à s'enquérir, pour quelques-uns, des raisons ayant amené des citoyens à risquer leur vie. L'arrivée des forces de police et de la Gendarmerie n'a pu mettre fin à la révolte, et la circulation sera déviée sur un autre axe. Les manifestants se départageront afin de bloquer encore le nouvel axe Alger-Oran qu'ils ne libéreront qu'avec la promesse d'une révision de la liste. Il était 22h, et rendez-vous avait été donné au niveau du siège de la commune pour le lendemain matin. Pour l'anecdote, les manifestants ont permis à un cortège nuptial de passer à travers le barrage humain avec, cependant, un nombre limité de véhicules. Hier matin, il a été annoncé aux citoyens révoltés l'annulation de la liste des bénéficiaires au moment où une session ordinaire de l'APW était tenue au chef-lieu de la wilaya. Un groupe de ces révoltés se dirigera à la nouvelle cité construite avec des fonds koweïtiens et décidant - provisoirement - de squatter quelques logements. Parmi les manifestants, des hommes juraient, les larmes aux yeux, que des bénéficiaires avaient déjà vendu le logement dont ils avaient reçu seulement des promesses d'attribution, alors qu'eux avaient véritablement besoin d'un toit ; même un préposé à l'appel à la prière dans une mosquée de Ouled Yaïch avait exigé 80 millions de centimes « et pas un dinar de moins » pour la vente du logement dont il n'était bénéficiaire que sur papier.