Les relations entre l'Algérie et l'Italie sont citées en exemple dans toute la Méditerranée occidentale. Il y a certes, un antécédent à l'excellence du partenariat entre les deux pays. Il y eut le grand militant indépendantiste, Enrico Mattei, ancien patron du géant pétrolier italien ENI. Il y eut aussi le soutien courageux à l'Algérie durant les années 90, au moment où toute l'Europe organisait un embargo qui ne disait pas son nom. Il y eut aussi l'assassinat de marins italiens dans un port algérien par les terroristes qui n'a pas fait fléchir la position de Rome vis-à-vis d'Alger. Autant de gestes qui expliquent l'attachement qu'éprouvent les deux Etats et les deux peuples. Le Jardin à Hydra qui porte le nom d'Enrico Mattei témoigne, si besoin, des liens puissants qu'entretiennent l'Algérie et l'Italie. On comprend aisément la hausse exponentielle du partenariat, en qualité et en quantité, depuis l'arrivée d'Abdelmadjid Tebboune et Giorgia Meloni à la tête des deux pays. Il y a également, la conjoncture économique et géopolitique qui a aidé au développement des relations économiques. Au point de constater un véritable mouvement du nord au sud de la Méditerranée occidentale. Il n'a échappé à aucun observateur de la région, l'exceptionnelle dynamique mue par le Plan Matteï. Une usine de production d'automobiles de plusieurs centaines de millions de dollars, plus de 36000 hectares au sud du pays dédiés à la production agricole intégrée, le très fameux gazoduc transportant du gaz, de l'hydrogène, de l'ammoniac et de l'électricité solaire. Avec, aujourd'hui, un investissement de 8 milliards de dollars apporté par l'ENI dans la conjoncture difficile du moment au plan mondial, l'on n'a pas besoin d'argumenter quoi que ce soit. Entre l'Algérie et l'Italie, il n' y a pas que des mots, mais des faits concrets. Des investissements colossaux, portés par une vision à long terme et une grande détermination à créer un grand pont de partenariat entre l'Europe et l'Afrique. Le Plan Matteï qui s'étend en Afrique et le milliard de dollars consacré par l'Algérie à l'aide au développement du continent noir forgent les nouveaux partenariats inter-continentaux. Il n'est pas dit que ces actions aboutissent dans l'immédiat, mais Alger et Rome ont le grand mérite de les avoir lancés et de croire à un avenir prospère pour la Méditerranée. Il faut reconnaître que ce partenariat, visiblement plus fort que celui avec la Chine, la Turquie et le Qatar, est inspirant. Il l'est en raison de son enracinement historique. L'Algérie est le pays où l'on compte le plus de ruines romaines après l'Italie. Bien plus qu'en France, en Belgique et ailleurs en Europe. Ces ruines traduisent des influences, des brassages culturels, mais racontent aussi des conquêtes, des guerres et des conflits géopolitiques. Il reste qu'au fil des siècles, les deux sociétés, algérienne et italienne, ont compris qu'il n'est pas question de déménager et que la Grande bleue est un lien éternel. Ce lien est inspirant pour les autres pays des deux rives de la Méditerranée. L'histoire algéro-italienne n'est pas unique. Il y a eu une autre avec la France, certes douloureuse, mais dans ce cas également les sociétés se connaissent et se respectent. Il y a malheureusement une petite minorité française, aigrie d'avoir perdu son paradis. Cela n'empêchera jamais l'approfondissement des liens humains. La récente visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger en a apporté la preuve. Personne n'ose imaginer une rupture entre les deux nations. Autant donc miser sur ce qui peut rassembler, forcer le destin en déployant d'un côté comme de l'autre, les trésors d'humanité et de fraternité sincères. Il y a réellement quelque chose d'inspirant dans la séquence algéro-italienne de ces dernières années. Et la France devrait justement s'en inspirer. Imaginons, non pas un pont, mais deux qui lieraient l'Afrique à l'Europe. La France est une puissance économique, technologique et culturelle. Il lui suffirait de s'engager avec l'Algérie dans un processus aussi puissant pour doubler les chances d'une partie de l'humanité d'accéder à la paix et la prospérité.