C'est une petite commune pauvre, rattachée à une petite wilaya moyennement riche. En théorie, le maire est élu par les citoyens de la commune, mais en pratique, il est placé sur la liste d'un parti gagnant ailleurs. En théorie, le wali est nommé par le Président, mais en pratique, le wali est coopté ailleurs, sur le résultat d'une négociation entre les réseaux d'influence. Tout va pour le mieux dans la petite commune, les citoyens naviguent au-dessous du seuil de pauvreté pendant que leur maire est milliardaire puisqu'il revend les terrains cédés par le wali à la commune à de richissimes hommes d'affaires qui n'habitent ni la commune ni la wilaya. Puis un émeutier déboule dans la commune. Le maire se terre, le wali arrive. Le maire se tait, le wali fait des promesses. Le juge arrive et l'émeutier finit en prison. Tout va pour le mieux quand un agent de la lutte anticorruption déboule dans la commune. Le maire se retrouve en prison, dans la même cellule que l'émeutier. Le wali n'est pas encore en prison puisqu'il a acheté le juge pour y échapper. Mais l'agent anticorruption arrête le juge. Le wali et le juge sont en prison. Dans la cour, la haine s'organise suivant la hiérarchie. L'émeutier en veut au maire et au juge, le maire en veut au wali et au juge, le wali en veut au juge et le juge en veut à l'agent anticorruption. Pourtant, grâce à la nouvelle réforme pénitentiaire, tout se passe bien et aucun mort n'est à déplorer. Le juge sort le premier parce qu'il a acheté un autre juge. Le wali sort le deuxième puis le maire puis enfin l'émeutier. Bilan de l'opération : les richissimes hommes d'affaires ont toujours leur terrain dans la commune et sont libres, tout comme ceux qui ont placé le maire, coopté le wali et nommé le juge. Reste l'émeutier qui, en attendant d'être maire, wali ou juge, ne voit pas autre chose à faire qu'une nouvelle émeute.