La juge franco-norvégienne spécialisée dans les affaires de corruption et de blanchiment d'argent, Eva Joly, est arrivée hier matin à Alger pour une visite officielle de quatre jours à l'invitation du ministre de la Solidarité nationale. Conseillère spéciale du gouvernement norvégien, la juge a été reçue pendant près de deux heures, à l'issue desquelles elle a, dans une déclaration reprise par l'APS, salué « les relations traditionnelles » entre l'Algérie et la Norvège. La juge a rappelé que la première convention internationale contre la piraterie a été signée entre l'Algérie et la Norvège au XVIIIe siècle. « Malgré la distance qui sépare l'Algérie et la Norvège, nos deux pays ont des points communs et eu des difficultés à surmonter et une réconciliation nationale nécessaire, des moments importants de la vie démocratique. » Eva Joly s'est dite « heureuse » de « l'amélioration » de la situation en Algérie et a salué la force de conviction de ses dirigeants de la nécessité de lutter contre le fléau de la corruption en préparant plusieurs projets de loi dans ce sens. A cet effet, elle a mis en relief « l'importance » de la place des magistrats pour appliquer ces lois, tout en soulignant que ces mêmes magistrats doivent être « fiables ». Elle a également insisté sur « l'importance de l'image que les juges doivent donner d'eux-mêmes », tout en affirmant que « le corps de la magistrature doit être exempt la corruption ». Cette fervente militante de la lutte contre la corruption, membre de Transparency International, a eu à instruire de lourds dossiers liés à la criminalité financière en France telles les affaires ELF, Tapie... Après son rendez-vous avec le président, elle a été reçue par le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Béjaoui, lui-même ancien juge de la Cour internationale de justice. Les deux anciens magistrats ont certainement beaucoup à se dire, d'autant qu'ils se connaissaient avant. D'ailleurs, ce rendez-vous a été ajouté au programme d'Eva Joly à la dernière minute. Elle devait visiter le centre de rééducation d'El Harrach. L'invitée sera l'hôte aujourd'hui du président de la Cour suprême avant de donner une conférence devant un parterre de magistrats à l'Ecole nationale de la magistrature à Alger. Demain, elle visitera un centre de détention pour mineurs puis donnera une conférence devant des cadres de l'administration à l'hôtel El Djazaïr. En fin de journée, avant de quitter le pays, elle animera une conférence de presse.