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La fin de l'« exception algérienne »
Publié dans El Watan le 08 - 08 - 2004

Durant toutes les sombres années 1970, l'Algérie offrait au monde l'image flamboyante d'avant-poste de la libération des peuples, tandis qu'Alger était « la mecque des révolutions ».
Mais cette flatteuse réputation était tout en trompe-l'œil car, alors que le pouvoir folklorique de Ben Bella puis la dictature de son successeur faisaient montre d'une ostensible générosité à l'égard des mouvements de libérations du tiers-monde, le peuple algérien, lui, était massivement assigné à résidence surveillée - situation tout de même quelque peu plus enviable que celle de l'élite nationale qui, elle, était vouée à l'exil ou carrément livrée à la cour de sûreté de l'état de Médéa, de triste mémoire. Quant au régime obséquieux du président Chadli, il prétendait mettre fin à la période de glaciation de ses prédécesseurs et mettre les Algériens à l'abri de la crise économique mondiale des années 1980 en leur injectant, simplement dans les veines, un euphorisant en forme de programme antipénurie. Mais, dans le même temps, la pensée unique toute-puissante ruinait tout le tissu économique patiemment et coûteusement mis en place par Houari Boumediène. Dans les deux cas de figure, on prétendait imposer à une opinion internationale ignorante de nos tristes réalités, une certaine « exception algérienne » qui constituait, en fait, une véritable imposture. Car, non seulement, nous n'avons jamais été les champions de la liberté des peuples - car il eût fallu que le peuple algérien exerçât d'abord son propre droit à la liberté et au droit de disposer de son destin - mais de plus, les effets pervers du nouvel ordre économique avaient, à la faveur de la crise économique, plongé les Algériens au fond de l'abîme. Toutefois on peut, à bon droit, espérer qu'octobre 1988 pouvait constituer un tournant historique, voire une rupture avec la pratique malsaine qui consiste à créer de toutes pièces une Algérie virtuelle pour cacher les honteuses réalités de l'Algérie réelle. C'est pourquoi, depuis la révolte des jeunes d'octobre, on vit naître l'espoir d'une authentique « exception algérienne » qui eut donné à tous les pays du tiers-monde encore sous le joug de dictatures féroces, un exemple à suivre à la faveur de l'avènement, dans notre pays, du pluralisme et de la démocratie. Plus de 15 ans sont passés depuis la naissance de cet espoir insensé : qu'en est-il aujourd'hui ? Tout d'abord, au point de vue des grands courants idéologiques qui ont traversé la société : l'intrusion brutale (mais néanmoins prévisible) de l'islamisme politique a durablement ruiné toutes les chances, pour les Algériens, d'avancer sur la voie de la démocratie et de la modernité. Nous subissons, depuis, un processus de perversion de nos idéologies et d'érosion des valeurs qui ont porté la révolution de Novembre, d'une telle ampleur qu'il nous faut et nous faudra des décennies pour réamorcer le modèle de développement idéologique et culturel universel qui nous conduirait vers une démocratie véritable. S'agissant du registre institutionnel, nous avons vu des enclaves de résistance à la démocratisation reprendre peu à peu du poil de la bête : elles ont fini par se redimensionner à la faveur de la crise économique et sécuritaire et sont devenues depuis quelque temps de grands pôles de la réaction ou s'agglutinent les clans mafieux de tous poils. Ce sont ces clans qu'avait dénoncés, en son temps, Mohamed Boudiaf et qui ont brutalement réagi en le tuant en public. Du coup, toutes les institutions mises en place depuis le gouvernement Mouloud Hamrouche jusqu'à la fin du mandat du président Zeroual s'étaient progressivement liquéfiées et le terreau pré-démocratique asséché. Aujourd'hui, toute l'armature structurelle et institutionnelle destinée à concrétiser les principes constitutionnels pluralistes n'est plus qu'une coquille vide et ces principes, l'ombre d'eux-mêmes. Vouées au culte du maître de l'heure et soumises à un pouvoir occulte, nos institutions ont désormais perdu toute crédibilité aux yeux des citoyens. Enfin, last but not least, on a pu, quelque temps, croire que la liberté de la presse et de façon générale la liberté d'expression pouvaient créditer peu ou prou cette fameuse exception algérienne. Il faut, de surcroît, préciser que cette « révolution » qui mit fin à la pensée unique ne doit rien aux clans qui gouvernent en sous-main le pays : elle s'est opérée sans eux, voire ouvertement contre eux. La liberté de la presse a donc été une œuvre citoyenne et elle s'est mue naturellement en cœur battant des grandes aspirations et des grandes espérances. Or, qu'en est-il aujourd'hui de cet acquis authentique produit par le sacrifice historique de la corporation des hommes de la presse libre ? Le pouvoir actuel qui est l'émanation du système mafieux qui gouverne réellement le pays ne pouvait tolérer que la liberté de la presse constitue un obstacle à la poursuite de son plan de pillage des richesses du pays. Le programme mis en place pour s'assurer durablement l'impunité vise spécialement à enrayer ce danger mortel qui est pour ses thuriféraires et ses épigones la presse libre : il fallait donc, en priorité, terroriser les journalistes par la prison et étouffer les journaux par le fisc. C'est en fonction de cette grille de lecture impitoyable qu'il faut décrypter l'acharnement du pouvoir contre notre frère Mohamed Benchicou et tous les autres. Désormais l'Algérie n'est plus cet exemple flamboyant de liberté qu'on offrait avec fierté aux pays du tiers-monde. Elle est sur le point de rejoindre honteusement la cohorte des pays du Maghreb et du monde arabe, où la pensée unique et big brother règnent en mettre absolus : à quand le sursaut ?

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