La wilaya de Aïn Témouchent vient d'annoncer l'obtention de l'inscription d'une étude à son profit de façon à arrêter une stratégie en matière de politique viticole, Aïn Témouchent étant de par sa vocation agricole condamnée à investir dans la viniviticulture. Les pouvoirs publics ont ainsi répondu à un véritable cri de détresse. Qu'en est-il ? A l'heure actuelle, Aïn Témouchent produit 50% de la production nationale en vin et compte, en plus de l'ONCV, deux autres transformateurs de vendanges et un vigneron, le premier de l'Algérie indépendante, qui a transformé à l'occasion des dernières vendanges sa production pour la première fois. Ces transformateurs ont augmenté la production et se font une concurrence féroce sur un marché national très réduit alors que la relance de la viticulture a été pensée en direction de l'exportation. Or le marché international est excédentaire avec une concurrence encore plus acharnée, un marché sur lequel les leaders traditionnels, les Européens en l'occurrence, se sont vu arracher une grande partie de leurs parts par de nouveaux venus qui ont imposé de nouveaux labels (Afrique du Sud et Amérique latine). Ces derniers se sont imposés avec les vins de cépages (élaborés chacun avec une seule variété de raisin) face aux vins de terroirs de la vieille Europe. En Algérie, l'on est demeuré sur la tradition française avec en moins les formidables progrès intervenus depuis l'indépendance dans le domaine de la viticulture en France et ailleurs. A cet égard, la vini-viticulture en Algérie est dans un effarent état d'arriération au plan managérial et technologique tant pour ce qui est des conduites culturales que des moyens de transformation plus qu'obsolètes. greffage de la vigne Pour le ministre de l'Agriculture, il appartient aux forces du marché de réguler le développement du secteur. Par ailleurs, pour ce qui est du volet transformation, en conséquence de la remise à niveau du potentiel existant, il nous avait indiqué l'été dernier que cela relève de l'agro-industrie, sous entendu que la réhabilitation des caves ne dépend pas de sa tutelle. " Mon problème, c'est d'encourager l'abondance de la production agricole", avait-il précisé. C'est dire, au regard des incertitudes, pourquoi les autorités locales ont sollicité le ministre en vue orienter le greffage au profit de la vigne de table, sachant que sur les 21 500 ha de plantations destinés à la vigne de cuve, 9100 sont en production et 11 000 sont non encore greffés. L'intéressé n'a pas répondu favorablement à la demande sachant que ce serait signer la disparition du tiers du potentiel national en vigne de cuve, un potentiel qui devait précisément rééquilibrer l'encépagement actuel et fournir en conséquence les variétés de cépages qui font le plus cruellement défaut à la vini-viticulture algérienne en vue d'imposer ses vins à l'exportation. Cependant, pour avoir été une trop bonne élève dans la mise en œuvre du PNDA et de son instrument le FNDRA, la wilaya de Aïn Témouchent est dans l'impasse. Et la viniviticulture algérienne avec. En effet, il y a lieu de s'attendre à une surproduction de raisin de cuve mais sans moyens de transformation adéquats et sans débouchés possibles vers l'extérieur. Une étude suffira-t-elle à résoudre l'équation sachant que le diagnostic qui a été fait est que la compétitivité s'articule autour de la bataille de la qualité et d'une production à moindre coût ? Cela est plus probable à moins que cette étude serve à forcer la décision au niveau gouvernemental en vue d'une politique plus globale au profit d'un secteur qui relève de plusieurs ministères que celui de l'agriculture.