Le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, a inspecté, dans la journée de mercredi dernier, des exploitations agricoles et des caves de production et de stockage de jus et de vin de la wilaya de Aïn Témouchent. Coïncidant avec la fin de la campagne des vendanges, cette visite a permis de constater le redémarrage effectif de la culture viticole dans la région, autrefois réputée pour la fertilité de ses terres et la qualité de sa vigne. La surface totale de Aïn Témouchent est agricole à près de 80%. Le système de production, au lieu d'être encouragé, a été presque détruit par la politique des années 1970 et 80 lorsque l'on a préféré arracher les vignes faute de marchés extérieurs. Sur une terre acceptant naturellement la culture viticole, on a tenté d'implanter des céréales. Les résultats seront maigres et inconséquents, la nature du sol n'étant pas vraiment faite pour. Depuis quelques années, le ministère de l'Agriculture revient à la vocation originelle de la wilaya, donnant sans complexe la priorité à la vigne. Mercredi dernier, Saïd Barkat s'est donc déplacé pour constater de visu ce retour aux sources, Aïn Témouchent détenant presque la moitié de la production nationale de vigne. Selon les chiffres officiels, son potentiel viticole s'élève, en effet, à près de 24 000 hectares, dont 21 000 en vigne de cuve. Rien que ces dernières années, environ 15 000 hectares ont été plantés. “Concernant le vin, la concurrence à l'échelle du globe est rude, n'a cessé de répéter Saïd Barkat aux exploitants ; nous devons produire un vin de qualité et, pourquoi pas, en faire un label”. Mais les exploitants souffrent encore d'une mentalité plutôt rentière, reposant souvent sur les aides de l'Etat. Or le ministre veut les orienter vers un strict raisonnement concurrentiel basé sur l'esprit de l'économie de marché. “N'attendez pas grand-chose de l'Etat, rétorquait Barkat aux agriculteurs, nous n'aiderons désormais que ceux d'entre vous qui produiront”. L'année dernière, une partie de la production de vignes a été jetée dans la nature en raison de sa mauvaise qualité. Les agriculteurs se devaient de faire mieux cette saison, l'Oncv ne prenant de toute façon que la vigne de bonne qualité. Il y va aussi de la qualité du vin à tirer. D'où l'exigence de performance à tous les niveaux de la chaîne de production. Les agriculteurs ont prouvé, dans certains cas comme à Ouled Boudjemaâ, leurs capacités à transformer la terre aride en surface fertile. Dans d'autres cas, ils ont fait montre de naïveté à croire que les pouvoirs publics poursuivraient leur désastreuse politique de gestion administrative. “Celle-ci est révolue", a rappelé Saïd Barkat. L. B.