La problématique du médicament générique en Algérie a été le thème majeur de la première édition de Pharmadays, organisée par le groupe Zedpharm, du 22 au 24 juin, dans le somptueux cadre de l'hôtel Dar Ismaïl, à Tabarka, en Tunisie. La rencontre est considérée par les spécialistes et les acteurs concernés par le domaine du médicament comme une première et unique en son genre en Algérie puisqu'elle a eu le mérite de réunir un nombre important de pharmaciens d'officine et des médecins venus de tous les coins du pays ainsi que les représentants des laboratoires pharmaceutiques nationaux et étrangers producteurs de médicaments génériques pour débattre d'un thème d'actualité aux ramifications diverses et compliquées. « On a toujours oublié le rôle du pharmacien qui ne devra pas être marqué par le souci commercial, mais aura à accomplir une mission de conseil pour le malade dans la prise du médicament et l'efficacité du traitement », insistera le docteur Zertal Hassouna, président-directeur général du groupe Zedpharm, dans son allocution d'ouverture. « Notre groupe a pris en peine une question nationale et capitale pour soulager nos importations devenues de plus en plus onéreuses. Pour un pays en voie de développement comme le nôtre, il faudra compter désormais sur nos propres moyens en investissant pour un produit générique peu coûteux, fiable, efficace et performant avec en sus le même principe actif que celui de la molécule mère », poursuit-il. C'est d'ailleurs le thème qu'a tenu à développer avec plus de détails le docteur Belmahi, président du conseil régional de l'Ordre des pharmaciens, dans son intervention intitulée « Générique et bioéquivalence », dans laquelle il mettra en évidence la problématique assez compliquée de la production du médicament générique qui souffre, il faut le dire, d'un manque flagrant d'information bien que le produit en question présente les mêmes propriétés thérapeutiques avec un rapport qualité/prix appréciable. « La question d'être bien soigné par les médicaments génériques a souvent taraudé l'esprit des malades, bien que ce produit ne soit ni une contrefaçon, ni un paramédicament, ni une copie illégale. Sa commercialisation dépend cependant du prescripteur », dira le docteur Belmahi, qui n'a pas manqué de rappeler l'existence du cadre juridique régissant la fabrication des produits génériques à travers l'article 169 de la loi 85-05 du 16 février 1985, plus connue sous la loi de la santé. Si, en outre, la loi autorise le pharmacien à recourir à l'équivalence thérapeutique à travers les articles 144 et 145 du décret exécutif 92-276, la procédure de substitution ne pourra être envisageable qu'en cas d'existence du générique avec, en sus, l'information du médecin et l'accord du patient. La différence de prix entre une molécule mère et un produit générique ayant les mêmes propriétés thérapeutiques s'explique surtout par l'absence du coût de la recherche pour le second. Ce coût se trouve amorti après une exploitation exclusive de la molécule mère durant une vingtaine d'années. La différence peut atteindre le taux de 30%. Pour certains produits commercialisés en Algérie, cette différence de prix peut varier entre 18,92% pour des antibiotiques et 68,5% pour un médicament conseillé pour traiter la haute tension artérielle. Une étude faite en 2004 a conclu que l'usage des médicaments génériques en Algérie peut réduire la facture d'importation des médicaments de 100 millions de dollars. Pareille économie pourra être réinjectée dans la recherche et l'investissement dans le secteur du médicament. Il faudra tout de même rappeler qu'en dépit de son coût accessible pour les malades, le médicament générique coûtera cependant cher s'il demeure non utilisé. Alors que dans des pays comme les Etats-Unis et la France, le recours aux génériques a atteint respectivement 45% et 38%, son rôle demeure jusqu'à présent occulté en Algérie. De son côté, le professeur Benabbas, responsable de l'unité diabétologie du service de médecine interne du CHU de Constantine, estime, pour sa part, que si le choix du générique améliore l'accès aux soins pour tous les malades, un travail reste à développer en direction des médecins pour une harmonisation des données pharmaceutiques. La décision de prescrire le médicament générique reste tributaire d'une campagne de médiatisation à large échelle. La création d'un réseau d'information et la diffusion judicieuse d'un annuaire des génériques demeurent un moyen efficace pour développer la relation médecin-pharmacien. Dans ce sens, la rencontre réussie pour laquelle le groupe Zedpharm a mobilisé tous les moyens nécessaires aura permis en premier lieu de réunir les laboratoires producteurs de génériques et les pharmaciens d'officines en leur offrant un espace de rencontre et d'échange tout en œuvrant à la promotion de l'image du générique auprès des parties concernées en mettant en avant la rigueur, le sérieux et le professionnalisme des laboratoires du point de vue qualité et efficacité thérapeutique.