Compte tenu de la persistance de la sécheresse, le problème de l'eau se pose avec un peu plus d'acuité, imposant par là même l'hypothèse et la nécessité incontournable du recours inévitable aux solutions alternatives. En effet, la sécheresse endémique qui a sévi dans l'ouest du pays a eu pour conséquence première de réduire les capacités hydriques des barrages, de même qu'elle a entraîné un ralentissement de toutes les activités agricoles et industrielles de la région. Le barrage de Beni Bahdel, qui alimentait toute l'Oranie, est désespérément vide. Les nappes superficielles ont été surexploitées, même si les nouveaux forages d'urgence sont arrivés à étancher quelque peu la soif des Oranais. Les besoins accrus de la population sont appelés à augmenter et les pouvoirs publics sont ainsi amenés à exploiter de nouveaux horizons aquifères à Oran, mais aussi à Relizane, Sidi Bel Abbès, Tlemcen et Béchar. La question de la pénurie d'eau est devenue le lot quotidien des citadins et par la même celle des habitants des zones rurales, où il existe pourtant des possibilités d'adduction par le biais des forages. En fait, c'est toute la question de la disponibilité des réserves dans les barrages qui pose aujourd'hui problème. Les responsables du secteur n'ont fait qu'actionner les leviers d'urgence (plan Orsec de rationnement de l'eau) sans aller vers une stratégie qui prend d'une manière sérieuse en charge ce volet, que ce soit pour la consommation courante domestique, industrielle ou pour l'irrigation. Le manque et la rareté des pluies ainsi que leur fréquence disparate et irrégulière pénalisent la politique hydraulique entreprise par les pouvoirs publics qui est surtout axée sur la mobilisation de ces ressources naturelles par voie de captage (barrages, retenues colinaires...). Mais les prévisions de satisfaction de la demande, non seulement elles restent tributaires de la pluviométrie, car toutes ces infrastructures n'ont de sens que si les ressources mobilisables étaient disponibles, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie, soumise à un climat semi-aride. Par ailleurs, selon un document du ministère des Ressources en eau, le taux de déperdition est de l'ordre de 54,88% (chiffre de 1999). Ceci dit, même avec un ratio prévisionnel de 430 m3/habitant pour l'année 2002, on reste loin des normes internationales, qui, selon la Banque mondiale, sont de 1000 m3/an. Aujourd'hui, l'Algérie est placée parmi les pays à faibles potentialités hydriques. Cela pourrait inciter à orienter la réflexion vers des projets alternatifs, tels que le dessalement de l'eau de mer, le recyclage des eaux usées qui pourraient à coup sûr alléger la contrainte sur les ressources mobilisables et la satisfaction des besoins du secteur de l'industrie et de l'agriculture. Le dessalement comme unique recours L'usine de dessalement de l'eau de mer d'Arzew, sise au complexe GNL, dont le chef de l'Etat a procédé à la pose de la première pierre, le 19 mai 2002, est un projet de construction d'un complexe industriel associant le dessalement d'eau de mer à la production d'électricité. Les capacités de production seront de 90 000 m3/j pour la partie dessalement et de 310 mégawatts pour la partie électricité. Selon des documents internes à la future entreprise, les 20 000 m3/j livrés par l'Algérienne des eaux et destinés à l'alimentation des unités de production de la zone industrielle d'Arzew seront versés au réseau public. Ce qui portera son quota journalier à 90 000 m3/j, soit les 20 000 libérés par la ZIA et l'apport de 70 000 m3/j provenant de l'usine de dessalement. Pour rappel, la société Kahrama Spa, qui entrera en production en novembre 2005 et dont les statuts de constitution ont été signés le 29 janvier 2002, a été constituée pour concevoir, financer, construire, exploiter et entretenir le complexe de dessalement d'eau de mer et de production d'électricité, et commercialiser l'eau et l'électricité produites. Elle est constituée des actionnaires Sonatrach et Sonelgaz, à hauteur de 10%, de Sogex (Oman) 10% et Black & Veatch Africa (BVA) 70%. Le choix s'est porté sur le constructeur japonais Itochu/Ihi. Le coût total de l'investissement est de l'ordre de 393 millions de dollars US : 109 millions USD pour la partie dessalement et 284 millions USD pour la centrale et les chaudières de récupération. Concernant les rejets d'eau de mer, les responsables du projet affirment que la concentration des rejets hydriques sera conforme au niveau de concentration observé dans le bassin méditerranéen. Au-delà du projet lui-même, le prix de vente du mètre cube d'eau dessalée sera de 69 DA et 1,86 DA le kwh pour l'électricité, ce qui est hors de portée des ménages. Pour pallier cette contrainte, il est avancé que Sonatrach signe avec l'Etat une convention pour rétrocéder gratuitement l'eau à l'Algérienne des eaux. Cette dernière signera à son tour une convention avec l'Etat pour ce qui est des modalités et des conditions d'appui que lui accorde celui-ci.