Il s'agit là d'un spectaculaire revirement qui annonce sans doute moins de cacophonie au sein de l'Alliance Présidentielle. Le président de la République a mis fin à la polémique autour de la suppression des sciences islamiques dans l'enseignement secondaire. Dimanche, le conseil des ministres, présidé par M.Abdelaziz Bouteflika, a confirmé cette mesure, déplorant par là même «les calculs politiciens qui ont vu le jour autour de cette question». A noter que cette décision avait soulevé l'ire des partis islamistes, principalement le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui, face à l'intransigeance affichée par le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, lors de la présentation de son bilan devant les deux chambres du parlement, s'en est remis à l'arbitrage du président de la République. «Nous faisons confiance à l'arbitrage du président», a déclaré M.Boudjerra Soltani, lors de la dernière réunion de l'Alliance présidentielle, laquelle s'est tenue le mois écoulé au siège de son parti. La décision constitue donc une réponse au MSP qui a été le principal instigateur de la compagne de mobilisation ayant vu le jour, au lendemain de cette décision. Pour les observateurs avertis, ce parti qui est membre de la coalition gouvernementale, a encaissé dimanche un échec cuisant, d'autant plus qu'il semble avoir cru jusqu'à la dernière minute à un probable «recul». Pas plus tard que jeudi, Boudjerra Soltani a réitéré devant les universitaires la position du parti, laissant entendre que la décision de supprimer ladite filière ne proviendrait pas du président de la République. Dimanche, la réponse de M.Bouteflika était sans équivoque. Mais au sein de cette formation, les choses semblent différemment interprétées. Si pour M. Menasra, vice-président du MSP, cette décision est qualifiée de «regrettable», M.Mokri membre du bureau politique a, dans une déclaration à L'Expression, «dédramatisé» la chose en estimant que «des acquis fondamentaux» ont été réalisés dimanche, notamment à travers l'augmentation du volume horaire de la discipline des sciences islamiques, ainsi que le renforcement de l'enseignement de la langue arabe et de l'histoire «qui vont bénéficier de nouveaux manuels scolaires». «Toutes ses mesures confortent la position du MSP qui s'échine à préserver les constantes de l'identité nationale. L'islam en premier lieu». Battant en brèche les lectures qui font du MSP, «le plus grand perdant», Mokri a laissé entendre que son parti va revenir à la charge et que la bataille est loin d'être finie. «Nous avons encore deux ans devant nous, durant lesquels nous allons continuer notre mobilisation pour le maintien de cette filière». Une déclaration qui semble plus destinée aux militants du parti, sachant qu'un revirement de situation est carrément écarté au vu du ton «sévère» avec lequel a été rédigé le communiqué du conseil des ministres. Par ailleurs, le MSP ne se sent pas visé par la mise en garde du président qui a reproché, sans les citer, aux cercles qui ont alimenté les polémiques, de faire dans «la manipulation politicienne». «Notre parti n'a fait qu'exprimer une position dans un cadre légal dépourvu de toute tentative de manipulation», atteste notre interlocuteur. Mokri tient à travers cette précision à répondre a son allié le RND qui a formulé des propos acerbes à son égard: «A l'alliance nous sommes trois partis, il est normal que chacun défende sa ligne politique. Cela ne menace en rien l'homogénéité au sein de ce bloc.» Par ailleurs dans une déclaration rendue publique hier, dont nous avons reçu une copie, le MSP s'est réjoui «des décisions courageuses» prises par le président de la République. Il a appelé à la préservation du dossier des réformes loin des marchandages. «Les éléments de notre identité nationale ne sont et ne peuvent être une filière à enseigner», note le communiqué. Le MSP tient à souligner qu'il suivra de très près l'application des réformes afin d'empêcher «toute déviation». De son côté, la formation du chef du gouvernement, le Rassemblement national démocratique (RND), par la voix de son porte-parole, M.Miloud Chorfi, s'est félicité des mesures prises par le président de la République «qui coupe ainsi l'herbe sous les pieds des partis ayant trouvé dans cette question des moyens de propagande politicienne». Ce dernier a réaffirmé le soutien du parti à la réforme de l'école. Nos tentatives de joindre les cadres dirigeants du FLN ont été vaines. Rappelons que Belkhadem a affirmé jeudi sur les ondes de la Chaîne II à propos de la suppression des sciences islamiques, qu'«une telle mesure ne constitue pas une menace pour les constantes nationales».