Ils étaient 80 au départ, ils ne sont plus que sept aujourd'hui. Depuis 1999, ils ne faisaient qu'attendre pour réaliser leur rêve. On est déjà en 2005, et le rêve se transforme en cauchemar. La majorité a fini par s'en lasser et déclarer forfait. Elle ne pouvait résister longtemps aux péripéties du programme de la mise en valeur des terres par la concession à la wilaya de Skikda. Un programme qui se singularise par son retard, par de multiples dépassements et aussi par un « ben ammisme » flagrant. Le tout se passant au su et au vu de tous, instance centrale comprise. Mais là n'est pas le propos. Il s'agit en fait d'un groupe de jeunes cadres, plus de 80, qui faisaient partie de l'association locale des cadres chômeurs. En 1999, à l'avènement du dispositif des concessions, on décida de les inclure parmi la composante devant en bénéficier. Ils attendront d'abord une année. En 2000, les gestionnaires en charge du périmètre de concessions de Guerbès Zaïtria, à l'est de la wilaya de Skikda, sont revenus avec une deuxième proposition en informant les jeunes cadres qu'ils allaient bénéficier de 10 ha chacun dans le périmètre cité. Comme ça, une simple dotation verbale, sans PV. On s'est juste contenté de leur montrer vaguement les parcelles promises. Cette période de flottement durera deux années. Devant l'absence d'une concrétisation (délimitation des parcelles, attribution d'actes...) les choses vont s'aggraver : les habitants des régions limitrophes, se sentant lésés, ont vite démontré une farouche opposition à toute attribution. Ils estimaient qu'ils étaient prioritaires. Les choses avaient même failli s'aggraver pour tourner à une véritable « chasse à l'homme ». Cette situation durera deux années entières et finira par décourager les jeunes dont la majorité finira par abdiquer. En 2004, il ne restait que... 17 cadres intéressés ! Une véritable hémorragie. Cela n'empêchera pas les gestionnaires du projet Guerbès de revenir à la charge avec une troisième proposition. Ils informent les jeunes qu'il ne restait que 30 ha à se partager, pas 1 are de plus. Se retrouvant devant le fait accompli, les 17 jeunes cadres décident de procéder à un tirage au sort pour désigner 6 d'entre eux pour bénéficier de 5 ha chacun. Les autres devraient encore attendre. Mais le calvaire n'en finit plus. En 2005, et malgré les promesses faites, les 6 derniers et seuls bénéficiaires ne voient toujours pas le bout du tunnel. L'un d'eux témoigne : « A ce jour, nous ne disposons même pas de plans et les délimitations nous semblent carrément fausses. En plus, les travaux de défrichement qui devaient être achevés continuent toujours de traîner, puisque l'entreprise chargée des opérations de défrichement a arrêté ses travaux pour laisser globalement nos parcelles à leur état initial et les quelques opérations de défrichement accomplies ont été faites d'une manière cavalière. Le plus grave, c'est que nous avons réussi à nous octroyer des milliers de plants de vigne que nous devions planter, malheureusement nous risquons de les voir mourir. » Les 6 bénéficiaires ne demandent pas la lune, quoi qu'on leur ait promis beaucoup plus. Ils veulent juste que les travaux de défrichement reprennent et que la situation des autres jeunes soit aussi prise en considération. Ils estiment qu'ils ont passé plus de 5 années à courir derrière ces projets. Et quand on est chômeur, le temps s'apparente à une éternité.