Dur a été, samedi dernier, le procès des sept personnes impliquées dans l'affaire de l'explosion de gaz de Guelma. Dur parce que l'audience a duré toute la journée, jusqu'à 20h 30, et que la climatisation faisait des siennes à cause des coupures fréquentes de courant. L'un après l'autre, les six employés de Sonelgaz et le chef de service de l'OPGI ont eu à répondre des chefs d'inculpation d'« homicides involontaires, blessures involontaires et dégradations involontaires de biens d'autrui ». L'accumulation du gaz dans le vide sanitaire ayant entraîné l'explosion et la mort de 14 personnes, tel a été le problème, voire le mystère à élucider. Et quelle était l'origine de l'étincelle ayant provoqué cette explosion ? Toute la question est là. Bien sûr, l'agent d'astreinte venu ce jour du 26 décembre 2004 vers 2h 30 avait fait son boulot : couper le courant électrique puis fermer la vanne d'alimentation en gaz de l'immeuble n° 20 B de la cité de Aïn Defla (ex-Fougerolle). Selon l'expertise, le fil électrique et le tuyau de gaz se trouvaient côte à côte, à peine quelque 4 cm d'intervalle entre eux. Ce qui est contraire aux normes d'usage mentionnant 20 cm et plus. Aussi, l'on a reproché à certains prévenus d'avoir signé la réception de cette réalisation dans les années 1980 alors qu'elle comportait des erreurs techniques. Le plus beau dans tout cela, c'est qu'on ignore à ce jour tout de cette entreprise ayant réalisé ces travaux d'électricité et de gaz et qu'on n'en possède aucun document. Cela a été relevé par le procureur général, qui a ajouté que certains disent qu'elle serait venue de Boumerdès. Remarque : on peut toujours enquêter là-dessus si l'on veut. Toujours est-il que les prévenus ont essayé de se disculper, niant par moments certaines déclarations faites devant le juge d'instruction et imputant pour certains la cause de l'explosion au fait que les bouches d'aération du vide sanitaire étaient fermées. Là, l'OPGI est mis entièrement en cause, en ce sens qu'on lui reproche le manque d'entretien des vides sanitaires. Le chef de service de cette structure, chargé de l'entretien et incriminé dans cette affaire, a dit que s'il y avait des plaintes à propos des maladies à transmission hydrique, il aurait sûrement failli à son travail. Or ce n'est pas le cas et puis selon lui - et plus tard ses avocats l'ont répété -, le vide sanitaire n'est pas conçu pour l'échappement du gaz en cas de pépins, en cas de fuite, mais, comme son nom l'indique, pour évacuer les eaux stagnantes et ainsi juguler l'humidité. Les avocats de la partie civile ne sont pas allés de main morte quant à la responsabilité de Sonelgaz et celle de l'OPGI dans cette tragédie. Après avoir évoqué les 14 victimes de l'explosion, 14 personnes mortes, ainsi qu'autant de familles endeuillées et plusieurs autres sinistrées, ils ont remis une demande écrite d'indemnisation à Mme le juge. Après avoir énergiquement décrié la négligence et les défaillances dont ont fait preuve les employés de Sonelgaz et celui de l'OPGI, et considérant que cependant il s'agit là d'homicide involontaire, le représentant du ministère public a requis une peine de 2 ans de prison ferme assortie d'une amende de 5000 DA à l'encontre de chacun d'eux. Les avocats de la défense, soit ceux des employés de Sonelgaz, soit ceux du chef de service de l'OPGI, ont essayé de disculper leurs clients en demandant l'acquittement. Par moments, les uns mettaient en cause la défaillance de la structure que défendaient les autres et vice-versa. Les uns et les autres se rejetteront la balle, parlant du manque de contrôle et d'entretien de la part de l'OPGI, notamment l'entretien des vides sanitaires et le contrôle des bouches d'aération, des travaux douteux de l'entreprise ayant réalisé le réseau électrique de l'immeuble, des défaillances des agents de Sonelgaz lors de leur intervention en ce jour fatidique du 26 décembre, etc. Même l'expertise comporterait, selon certains avocats, beaucoup d'anomalies et de contradictions. D'ailleurs, ils la déclarent irrecevable. Enfin, l'on y a assisté à une guéguerre entre deux institutions par le truchement de leurs avocats. Plusieurs déclarations ont montré qu'elles ne travaillent pas de concert. Le verdict sera prononcé samedi prochain.