Une solution politique dans le cadre des Nations unies. Quatre cent quatre prisonniers marocains sont arrivés avant-hier, jeudi, à Agadir, dans le sud du Royaume, après des années de détention par le Front Polisario. Résultat d'un jeu diplomatique et politique complexe entre plusieurs pays, ce geste de libération de prisonniers, qui s'est déroulé à Tindouf, dans le sud-ouest algérien, semble être le dernier du chapitre: les 404 prisonniers marocains étaient les derniers détenus par le Front Polisario, et depuis 1987, date des premières libérations, près de 2000 Marocains ont été rendus à leur pays, les dernières libérations remontant à janvier 2005. L'opération qui s'est déroulée sous les auspices du Comité international du Croissant-Rouge (Cicr), a permis au président algérien Abdelaziz Bouteflika de donner son cadeau d'anniversaire au roi Mohammed VI: «Je saisis cette opportunité, riche de sens et d'enseignements pour vous réaffirmer notre ferme volonté et notre détermination à poursuivre la coopération et à oeuvrer ensemble, pour le développement des relations fraternelles et privilégiées, entre nos deux peuples et deux pays frères en vue de l'édification de notre Grand Maghreb arabe», a dit le président algérien dans un message de félicitations au roi du Maroc à l'occasion de son anniversaire, correspondant au 21 août 1963. Précisant la formulation politique , le message ajoute: «Cet événement a amorcé une ère importante dans l'histoire des deux peuples frères qui resteront toujours, à notre sens, un exemple pour les peuples du Maghreb arabe pour l'édification d'un Maghreb arabe uni, empreint de fraternité et de coopération fructueuse en vue de réaliser les aspirations d'unité et de complémentarité de nos peuples.» A Agadir, jeudi, le temps était aux joies des retrouvailles. Plusieurs familles marocaines sont venues attendre un parent, un fils ou un proche, après des années de séparation forcée, certains détenus libérés ont passé dix ou quinze ans dans les camps de détention du Polisario. La presse marocaine, qui a célébré unanimement le geste, s'est beaucoup appesantie sur «le rôle de l'administration américaine pour ses efforts en vue de mettre fin au calvaire des détenus», saluant au passage le jeu de lobbying du sénateur Richard Lugar qui avait supervisé l'opération de libération des 404 détenus, à Tindouf. Celui-ci avait conforté la position de principe algérienne et avait déclaré à Tindouf qu'il souhaitait que cette issue humanitaire «inspire les parties concernées à oeuvrer à une solution politique, dans le cadre de l'ONU». Le Front Polisario, auteur de la libération des détenus marocains après les intercessions algéro-marocaines, estime pour sa part que le Maroc détient toujours des prisonniers sahraouis: «le Polisario demande la libération par le Maroc de 150 prisonniers de guerre, 35 prisonniers politiques et plus de 500 disparus, détenus au secret dans des prisons marocaines», a déclaré, jeudi, l'ambassadeur du Sahara occidental en poste à Alger, Mohamed Beissat. Le «geste de détente» peut ainsi mettre fin à un problème trentenaire qui a complètement empoisonné la vie et les relations politiques de toute la région, et peut d'ores et déjà constituer une nouvelle étape dans les relations algéro-marocaines et mettre de côté des animosités politiques, qui dégoulinaient à travers les écrits de presse de manière inquiétante, créant épisodiquement des périodes de tensions fortes parmi les populations. Le conflit du Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole, annexée par Rabat en 1975, a créé des périodes de vives tensions entre le Maroc et l'Algérie et gèle les activités de l'Union du Maghreb arabe, qui regroupe depuis 1989, la Libye, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie.