Les mélomanes de la musique andalouse ont assisté mercredi soir au Théâtre de verdure d'El Aurassi à un brillant concert, donné par l'artiste Nacer Eddine Chaouli. C'est un Nacer Eddine timide, mais inégalable dans le chant hawzi que les mordus de ce genre de musique ont eu le plaisir de redécouvrir avec enthousiasme. Venu spécialement de France pour honorer quelques dates artistiques à l'occasion de la saison estivale en cours, Chaouli a, comme à son accoutumée, séduit son public. Un public composé essentiellement de familles. Dès 20 h, les gradins du Théâtre de verdure ont été pris d'assaut par une foule nombreuse, représentant trois générations. Parmi les présents, on pouvait apercevoir de vieilles dames vêtues de l'incontournable haïk, signe salvateur d'une époque révolue à jamais. « C'est toujours avec plaisir que nous nous déplaçons en délégation pour assister à un concert de Chaouli. Ce dernier nous fait revenir en arrière, et ce, à travers ses magnifiques chansons », lance une sexagénaire avec un grand sourire. A 21 h passées, l'orchestre du chanteur prend possession de la scène. Les sept musiciens professionnels gratifient l'assistance d'une touchia maya. Un prélude à la soirée qui s'annonce chaude. Sitôt terminé, Nacer Eddine Chaouli quitte les coulisses pour se diriger vers son public. L'accueil sera des plus chaleureux. Tout le monde se lève pour saluer cet ambassadeur de la musique hawzi. Des youyoux stridents sont lancés exclusivement par des dames âgées. Vêtu d'un pantalon en lin blanc cassé et d'une chemise violette à rayures argentées, l'artiste entame son répertoire par l'incontournable Salam aâla habibi. Les présents sont dès le départ envoûtés par cette musique savante. Suivront d'autres titres phares de sa carrière, tels que Koum tara, Zin el fassi, A ya dalali, El attar, Keftanek mehloul ya lala, Ah ya bellaredj, Ana rabi kada alliya... La célèbre chanson El Bahdja a sans conteste suscité émotion et déhanchements. Le bas des gradins a été envahi par des enfants qui se sont donnés à cœur joie à la danse. Les adultes, pour leur part, se sont montrés plutôt réservés. Timidité oblige. De temps à autre, Nacer Eddine Chaouli, avec la simplicité qu'on lui connaît, salue son public en lui disant : « Fi khatar h'babna ou s'hbna... Fi khatar shab Belcourt. » Son quartier natal. Vers 22h30, le chanteur araibi-hawzi annonce la fin de son spectacle en chantant Bkaw aâla khir. Des voix anonymes se font entendre pour réclamer une autre chanson. Le timing est le timing. Pas le temps pour interpréter un autre tube. Chaouli est déjà dans les coulisses et ses musiciens rangent leurs instruments en attendant d'autres dates de concert. En effet, Chaouli a pour la première fois participé à la clôture du festival de Timgad qui s'est déroulé vendredi soir. Une autre soirée est également prévue pour le 31 juillet au Casif à Sidi Fedj. En infatigable ambassadeur, Nacer Eddine Chaouli compte dès septembre prochain se lancer dans l'enregistrement des douze noubas el mestrin. Les deux noubas authentiques, héritage de Zerieb. La première nouba qu'il enregistrera est la nouba lahsine.