Dans une déclaration à Al Jazeera, l'ex-n° 2 du FIS dissous a cautionné le rapt des deux diplomates algériens martyrs, commis par Al Qaîda. Le n°2 de l'ex-FIS, Ali Benhadj, a été placé, hier, sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal d'Hussein Dey à Alger pour « apologie de crimes ». Il devait rejoindre la maison d'arrêt d'El Harrach en attendant d'être entendu une nouvelle fois. Cela devrait intervenir dans cinq jours, selon un membre de sa famille. Le magistrat a latitude d'auditionner le prévenu une seconde fois afin de compléter le dossier. Interpellé mercredi dernier suite à une déclaration faite à la chaîne arabe Al Jazeera, peu avant l'annonce de l'exécution des deux diplomates martyrs, Ali Benhadj avait déclaré que l'acte commis par les « frères » (d'Al Qaîda) ne visait pas les diplomates en tant que « personnes », mais en tant que « représentants d'un Etat ». « Leur arrestation est liée à leur statut de représentants d'un Etat (ndlr : l'Algérie) et la présence de cet Etat dans un pays sous occupation ne peut être qu'une caution à l'occupant. Ce qui est à l'encontre de la charia, de la politique et du bon sens », a-t-il dit. Cautionnant ainsi le rapt avant l'exécution, Ali Benhadj encourt une peine de réclusion criminelle de 5 à 10 ans, assortie d'une amende de 100 000 à 500 000 DA, selon l'article 87 bis 4 du code pénal. Le parquet pourrait, par ailleurs, le poursuivre pour avoir enfreint l'une des 10 dispositions prises par le tribunal militaire de Blida à sa sortie de prison, en juillet 2003. Celle-ci ordonne à l'ancien adjoint de Abassi Madani, qui a purgé 12 ans pour avoir appelé à la violence, de ne pas faire de déclarations politiques ni de s'adresser à la presse ou prêcher à la mosquée. Abdelhamid Benhadj, frère de Ali Benhadj, convoqué aussi par le parquet pour avoir tenu des propos jugés contraires à l'intérêt de la nation, est accusé de complicité. Il a été mis sous contrôle judiciaire. Les avocats des deux prévenus n'ont pas été autorisés à assister à l'audition. « Je n'ai aucune déclaration à faire. Je n'étais pas présent avec mon mandant », nous a déclaré un des défenseurs de Ali Benhadj hier au tribunal d'Hussein Dey. En revanche, Kamel Guemmazi, un proche du numéro 2 du FIS dissous et lui-même ex-président du Conseil populaire de la Ville d'Alger lorsque le FIS gérait les communes, persiste et signe quant à l'« innocence » de Ali Benhadj. « Les propos de Ali Benhadj ont été mal interprétés par la presse (la presse nationale, ndlr). Il n'a fait que condamner l'occupation de l'Irak, comparant la situation actuelle de ce pays frère à celle que l'Algérie a vécue durant la présence du colonialisme français », a-t-il soutenu. Et de signaler : « Notre position a été claire, nous avons condamné l'assassinat. » Il convient de noter que pas le moindre communiqué condamnant le crime odieux n'a été rendu public. Ni par Kamel Guemmazi ni encore moins par ses pairs, structurés conjoncturellement dans ce qui peut être qualifié de collectif des « anciens du FIS ».