S'il est évidemment évident de condamner les attentats terroristes à l'intérieur et à l'extérieur de l'empire algérien et s'il est impératif de ne pas reculer devant le chantage à la bombe, la négociation à la prise d'otages ou la complicité passive de meurtre, rien ne nous empêche de nous poser des questions sur l'attitude officielle. En particulier celle du Président en exercice, si prompt à embrasser George Bush à la télévision, si rapide à envoyer des lettres de soutien à la reine d'Angleterre et si compatissant devant la tristesse de rigueur du monde occidental. De phare brouillé du tiers-monde en passant par la lumière tremblotante du non-alignement, l'Algérie est devenue par la force des choses un partenaire de l'Amérique. Mieux encore, elle est devenue alliée de fait en déposant discrètement une ambassade dans un pays occupé. Si tout cela ne justifie en aucun cas le terrorisme à l'encontre de l'Algérie ou des autres pays, il faudrait dire au Président que même s'il a choisi le camp des puissants sans en référer à son peuple, il ne semble pas très utile de le crier sur les toits. D'autant que l'Amérique n'a pas hésité à apporter un soutien très officiel à son « allié algérien », cette phrase très précise équivalant à une condamnation à mort dans le monde d'aujourd'hui. L'Amérique et l'Angleterre sont des puissances occupantes et elles-mêmes n'hésitent pas à tuer des civils par la méthode beaucoup plus civilisée du « dommage collatéral » et de la « bavure due à la tension ». La raison morale et géopolitique voudrait que l'on tienne ces deux pays à distance, tout en entretenant des échanges commerciaux cordiaux, tout en rêvant à un pays qui ressemblerait plus à l'Amérique ou à l'Angleterre qu'au modèle de république Zarqaoui. Mais personne ne nous oblige à embrasser Bush sur la bouche. Cela n'est pas un jeu de mots.