Après une série de sorties au festival d'Amiens, sur les écrans de Paris et au festival de Bruxelles où il a décroché un prix, voici sur les écrans du festival de Locarno le film tant attendu de Saïd Ould Khelifa Le Thé d'Ania, librement adapté d'un récit d'Amine Zaoui et produit par la Télévision algérienne et dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. Comme la veille avec le très beau film de Naceur Khemir montré dans la même salle du Casino de Locarno, Le Thé d'Ania (faible titre qui ne dit pas la profondeur et la beauté de ce film) a agi ici comme le grain de sable dans la machine huilée, mais assez fade de la sélection. Un beau grain de sable, et si, jusqu'à maintenant, on a été plutôt déçus par les films consacrés à la décennie noire, Le Thé d'Ania sauve l'honneur du cinéma algérien avec brio. Le personnage central, joué par le génial acteur Miloud Khetib, écrivain à la douleur inexprimable, hanté par le cruel sort qui s'abat sur son pays, communique à peine avec une voisine qui lui donne du thé avant de sombrer à nouveau dans le désespoir et la peur. Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Hurler par-dessus son balcon, alors qu'une machination islamo-fasciste a transformé Alger en un brasier quasi permanent ? Le Thé d'Ania n'a pas laissé le public de Locarno indifférent. La salle archicomble du Casino a découvert une œuvre sans flot de paroles, mais dense et brillamment mise en scène. La retenue et l'austérité même de cette mise en scène servent parfaitement le propos du réalisateur. Encore une fois, Miloud Khetib, acteur de haut voltige, offre ici un travail très puissant, très crédible. Par chance, il est entouré d'acteurs remarquables : Ariane Ascaride, Rachid Farès et d'autres. œuvre méritante, et pas mal d'autres films vus à Locarno semblent à la remorque. Côté documentaire, à signaler celui consacré au plan de paix entre Palestiniens et Israéliens appelé L'Initiative de Genève signé le 1er décembre 2003, après deux ans de négociations secrètes en dehors des cercles officiels. Un document a été signé, mais sa concrétisation ne semble pas pour demain.