Une fois n'est pas coutume, Aït Voutchour est en pleine effervescence. Des festivités se préparent au village depuis que Karim, agent de la Sonelgaz, a été capturé en compagnie de Nadia, la femme de Tifour, et Aljia, la voisine émigrée. Selon les traditions d'usage, il a été décidé de le pendre sur la place. Ce qui a été rapidement organisé par le comité des fêtes. Un bœuf a été égorgé pendant qu'un chanteur local a été invité à faire le spectacle. Avant de pendre Karim, mis dans une grande jarre berbère avec juste la tête dehors, les enfants se sont amusés avec lui, comme si c'était un mouton à la veille de l'Aïd, et certains garnements l'ont même obligé à réciter la plate-forme d'El Kseur à l'envers et en anglais. Quant à Nadia et Aljia, à l'origine de l'histoire, elles se sont retrouvées dans la cuisine : C'est de notre faute, a soupiré Nadia. On n'aurait jamais dû l'emmener avec nous. De toute façon, il serait mort. Il travaille à la Sonelgaz. J'ai cru comprendre que c'était un crime par ici, lui a répondu Aljia. Tout en épluchant des pommes de terre, les deux femmes suivaient le cérémonial dehors. La coooooorde !! a crié un solide gaillard qui faisait office de bourreau. Karim a été conduit au pied de l'olivier central. Il pleurait, criait « Pouvoir assassin » et « tamazight di lakul » pour prouver sa bonne foi, mais rien n'y fit. On posa Karim sur un bidon d'huile et la sentence fut rapidement lue par un vieux : Condamnation à mort à perpétuité pour atteinte à la pudeur et tentative illégale de relevage de compteurs. On donna quand même à Karim un avocat, sous la forme d'un membre du FFS muet de naissance qui fit quelques gestes pour défendre son client. Mais c'était trop tard. C'est au moment où le bourreau allait donner un coup de pied dans le bidon qu'un grand bruit se fit entendre. Tout le monde leva les yeux. Un hélicoptère surarmé de la gendarmerie fit son apparition dans le ciel bleu. Les gendarmes ? A suivre