Deux attentats visant des voitures appartenant à des familles maghrébines ont eu lieu ces deux derniers jours à Bastia, en Corse. Ces deux explosions viennent allonger la liste des attentats racistes commis dans l'île de Beauté. La cible : les Maghrébins. Vendredi soir, une charge d'explosif a entièrement détruit une voiture appartenant à un Maghrébin. Même lieu, même procédé, même victime, un jour plus tôt. Depuis le mois d'avril, il y a eu près de trente-six attentats ou tentatives contre des biens appartenant à la communauté maghrébine. Si ces dernières actions n'ont été ni signées ni revendiquées pour l'instant, une aile dure du mouvement nationaliste corse n'avait pas hésité à désigner les Maghrébins comme véritables ennemis. Le groupuscule indépendantiste I Clandestini Corsi (les clandestins corses) avait revendiqué trois attentats commis le 1er juillet dernier : l'attentat visant la banque privée Waffa Banque à Biguglia (Haute-Corse), ainsi qu'une épicerie orientale à Bastia et une pizzeria dans la banlieue de la ville. Dans son dernier communiqué, I Clandestini Corsi se faisait particulièrement menaçant : « Ils (les immigrés) seront touchés dans leur domicile privé et des éliminations physiques seront perpétrées contre les plus réticents. » L'intensification récente des attentats racistes montre une radicalisation d'une partie du mouvement nationaliste corse. Affaibli dans les urnes, le mouvement nationaliste a éclaté face à la détermination de Paris qui refuse de négocier avec les élus locaux. Cette flambée de violence, qui inquiète les autorités, n'a pas été condamnée par les principaux partis corses, Unione nazionale et le FLNC. Les graffitis « Arabi fora » (Les Arabes dehors) et « A Corsu sera sempre christiana » (La Corse sera toujours chrétienne) fleurissent. Selon les observateurs, ces attentats peuvent s'expliquer aussi par la volonté de faire main basse, par certains milieux maffieux, sur les biens des Maghrébins en poussant ces derniers à quitter l'île. Le quartier où sont situés les commerces et les appartements des Maghrébins à Bastia n'arrête pas de prendre de la valeur. Or, il a été acquis, dans les années 1980, quand les cours étaient au plus bas. L'envolée immobilière pourrait être donc une explication, une piste qui n'a pas été écartée par les enquêteurs. La communauté maghrébine en Corse est composée essentiellement de Marocains arrivés sur l'île comme ouvriers