Ils ont gagné. Je m'en vais. » Maâmar Cherfi regarde les ruines de la maison qu'il était en train de construire, dans la commune de Biguglia, en Corse. Une charge explosive de 50 kg accolée à une bouteille de gaz venait de la détruire et avec elle toutes les espérances de ce Bastiais d'origine algérienne de 37 ans, père de trois enfants. C'est la deuxième fois en moins de deux mois que la maison est ciblée. Maâmar Cherfi se croyait intégré à la communauté locale. Il ne peut que déchanter. Il compte aller s'installer avec sa famille sur le continent, dans la région du Var où vivent ses proches. Artisan carreleur, Maâmar Cherfi vit en Corse depuis l'âge de trois ans. Son épouse est originaire de l'île. Des inscriptions racistes « Terra Corsa, Arabi Fora » (Terre corse, les Arabes dehors), signées par un mouvement clandestin anonyme, recouvrait les murs. « Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ils m'en veulent. Comme je n'ai jamais fait de politique, ce geste doit être purement raciste », dit-il. Cet acte n'est pas isolé, mais semble relever d'une campagne raciste antimaghrébine. Plusieurs familles d'origine maghrébine ont été visées ces derniers mois par des attentats, particulièrement dans la région de Bastia. On compte 56 faits de cette nature commis en 2003 et plus d'une trentaine depuis le début de l'année.