Le projet du président Bouteflika continue à susciter des réactions de la classe politique au fur et à mesure que la campagne pour le référendum du 29 septembre avance. Hier, c'était au tour du Parti socialiste des travailleurs (PST) de verser son lot de critiques. « Au moment où s'organise la perte de contrôle sur nos entreprises, sur nos infrastructures et nos richesses pétrolières au profit des multinationales, on nous propose de voter ce 29 septembre sur une guerre civile qu'on prétendait achevée depuis six ans, depuis Bouteflika », souligne le secrétariat national du PST, dans un communiqué dont la rédaction a obtenu une copie. Il trouve que le référendum « ne vise ni la réconciliation nationale ni l'amnistie » . Il vise donc quoi ? Ou qui ? « Un nouveau plébiscite », selon ce parti. « Bouteflika, qui, au lendemain de sa réélection, a engagé une périlleuse dépossession de notre peuple, a besoin d'un plébiscite : un plébiscite qui le dispense de rendre des comptes pour les choix suicidaires pour lesquels il n'avait pas de mandat populaire. Un plébiscite qui permette d'asseoir sa marche vers un pouvoir autocratique », précise le même communiqué. Le PST se demande qui va se réconcilier avec qui. « A-t-on vu les victimes des groupes armés intégristes se réconcilier avec leurs bourreaux ? Les familles de disparus avec les auteurs des atteintes aux droits humains ? Les jeunes égarés jusqu'à l'inhumanité avec les responsables de leur exclusion sociale et de leur désespoir ou avec les chefs du FIS revenus de leur projet totalitaire ? », s'interroge-t-on dans le communiqué. Le PST dit « non » à la réconciliation nationale, « même avec ceux qui divergent pacifiquement, sommés sur un ton menaçant de plier ». « Ce qui nous est proposé se résume, en réalité, à un projet d'amnistie pour les islamistes qui se rendent et d'indemnisation des victimes diverses de la tragédie nationale », est-il encore mentionné avant de lancer une autre interrogation : « Quelle perspective concrète justifie ce nouveau branle-bas national ? La reddition de quelques-uns des dissidents du GSPC ? ». Outre cela, le PST considère qu'il est impossible, voire illogique de concevoir un tel projet dans un pays fermé à toute activité libre. « Les Algériens qui sont interdits de manifester dans les rues de la capitale, qui vivent les entraves à l'exercice des libertés politiques et syndicales, sont invités à se soumettre à une cérémonie de légitimation politique le 29 septembre », souligne-t-on encore. Avant de dénoncer l'onde de la répression qui « continue d'accabler les jeunes émeutiers et d'intimider les militants syndicalistes ». Est-il possible aussi de décréter une réconciliation devant une telle situation ? Le PST donne une réponse négative. Ce parti est convaincu que le référendum ne serait qu'un chèque en blanc qui légitimera « toute la politique de Bouteflika et ses projets de concentration du pouvoir ».