C'est la fin des vacances pour Tifour et sa famille. Dans la petite Maruti, les enfants et les valises, tout a été rentré à l'aide d'un chausse-pied artisanal prêté par un généreux villageois trop content de les voir partir. A l'heure du départ, tout Aït Voutchour s'est rassemblé sur la place pour les voir partir, jetant du riz et des spaghettis sur la voiture en signe de bénédiction. Un jeune a brûlé un pneu en signe de fête et un membre de la délégation des archs a même offert à Nadia une véritable casquette de gendarme en souvenir. ça peut toujours servir Madame. L'Algérie est un pays difficile. Nadia a remercié tout le monde sans oublier l'ensemble de la classe politique et, dans un bruit étrange, la voiture a démarré, laissant le pittoresque village d'Aït Voutchour derrière. Tu as tout dépensé en gaz de ville, a lâché Nadia en guise de conclusion des vacances. Le gaz, c'est important, Nadia, a juste murmuré Tifour. Après avoir évité trois faux barrages, deux vrais, une émeute de force 5 et quelques manifestants en colère contre le soleil, la Maruti est arrivée aux portes d'Alger et chacun s'est renfrogné en pensant à la rentrée et ses dépenses, l'automne et ses feuilles de route qui tombent, Ouyahia et ses manies, Bouteflika et ses discours, les urnes à bourrer et les référendums à valider. Au fait, tu vas voter ? a subitement demandé Nadia. Je sais pas, qu'est-ce qu'en pensent les archs ? lui a répondu Tifour. En franchissant Dar El Beïda, Tifour et Nadia ont jeté un rapide coup d'œil à l'aéroport à gauche, où des avions flambant neufs défiaient les règles de gestion d'Air Algérie. S'ils étaient riches, ils se sont dit que l'année prochaine, ils iraient en Suède. Aït Voutchour, ça existe ? Bien sûr. Fin