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Un baroudeur éternel
Salah Boubnider dit Sawt El Arab
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2005

L'oraison funèbre prononcée par Abdelhamid Mehri a, certes, rappelé les grandes lignes de l'itinéraire révolutionnaire de feu le colonel Salah Boubnider, mais elle a néanmoins laissé, parmi la nombreuse foule présente, beaucoup de monde sur sa faim.
Certes, ont été évoquées les différentes étapes non seulement du militant, mais aussi du grand chef révolutionnaire, notamment ses exploits à la tête de la Wilaya 2 qu'il dirigea à l'intérieur du pays jusqu'à l'indépendance et sans tomber dans le piège du deuxième bureau français, celui des purges et de la torture. Cependant, la période postindépendance fut tronquée, réduite à deux références, la Ligue des droits de l'homme et la Cnisel. Aussi, j'ai jugé utile d'apporter dans cette contribution un témoignage sur l'action patriotique et toujours révolutionnaire postindépendance de Ammi Salah. Son image ne peut être réduite à celle d'un banal « grognard », encore moins à celle d'un démocrate « singulier », comme certain(s) l'ont qualifié après sa disparition. Par le rappel de certains faits, j'ai voulu montrer l'image révolutionnaire permanente de ce personnage hors pair, si attachant par sa simplicité et son humilité, si spontané et si généreux ; un personnage qui n'a jamais mâché ses mots ni baissé la tête devant quiconque. Baroudeur dans les maquis comme au Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), il le demeura après l'indépendance. Loin d'être un obscure « grognard », il fut un grand combattant pour les libertés, pour la démocratie, une démocratie qui, loin d'être « singulière », était une démocratie authentique, au sens universel du terme, que tous les peuples actuellement revendiquent pour faire face à la mondialisation néolibérale qui veut broyer la citoyenneté, qui veut réduire à l'assujettissement les citoyens par les conglomérats politico-financiers. Pour lui, la démocratie est la meilleure arme pour la défense des droits de l'homme, de la femme, de toutes les libertés, dont celles d'expression et d'opinion ; une démocratie qui donne la voix au citoyen, au peuple. N'a-t-il pas toujours répété que c'est grâce au peuple algérien que la victoire politique pour l'indépendance fut consacrée ? N'a-t-il pas toujours martelé que c'est à ce même peuple que revenait légitimement le pouvoir, pouvoir qui lui a été malheureusement confisqué après le Congrès de Tripoli, que Ammi Salah a qualifié de premier coup d'Etat qu'il a toujours dénoncé ? Pour toutes ces raisons, j'ai voulu rapporter brièvement, dans ce qui suit, quelques-unes de ses actions après l'indépendance. Tout le monde a en mémoire la Ligue des droits de l'homme, dont il fut parmi les membres fondateurs en 1990 et un farouche militant. A la Cnisel, qu'il présida lors des élections législatives de 1991, il assuma plus tard avec ses aspects positifs et négatifs, comme il assuma certaines critiques faites çà et là, y compris par la presse. Il répondit tout simplement que la Cnisel a permis de faire barrage au danger intégriste islamiste ; comme du reste, disait-il, l'arrêt du processus électoral en 1991, même décrié par les tenants d'une démocratie du jusqu'au-boutiste et les partisans de la « ténébreuse » thèse de la « régression féconde », a évité à l'Algérie de sombrer dans une théocratie moyenâgeuse. Entré au Conseil de la nation en 1998, il en démissionna avec fracas avec Abdelhak Bererhi, Mokrane Aït Larbi et moi-même, pour protester contre un projet de code pénal qui mettait la presse sous le boisseau. Dans ce même Sénat, il se battit bec et ongles au sein du tiers des indépendants, devenu tiers présidentiel en 1999, pour que l'exercice de la démocratie soit une réalité et non pas un slogan creux ; il s'y battit également pour que cette institution, qui avait suscité un certain espoir, soit en phase avec les réalités du pays, avec les préoccupations du peuple, notamment lorsqu'il demanda, avec un groupe de sénateurs, l'instauration d'une commission d'enquête parlementaire après les premiers assassinats du printemps noir en Kabylie, demande qui fut malheureusement rejetée. Ses « coups de gueule » ou ses « sorties » en plénière comme en commissions sont devenues légendaires ; et le président Boumaâza ne me démentira certainement pas ! Avec le CCDR, dont il fut le président, il poursuivit ce combat pour un projet de société républicain, fondé sur la démocratie, les libertés, les droits de l'homme, une justice indépendante, une justice sociale authentique ; un projet de société ouvert sur le progrès, la modernité et l'universalité. La citoyenneté revenait sans cesse dans ses propos ; le citoyen, disait-il, doit demander des comptes à ses élus et participer activement à la vie de sa commune ; le citoyen doit être présent aussi bien dans la conception que dans le contrôle. La démocratie participative était fondamentale pour lui. C'est ainsi qu'il fut le premier à évoquer au début des années 1990 la nécessité de doter les régions d'une certaine autonomie qui, loin d'affaiblir l'Algérie, la renforcerait. Ne disait-il pas, avec son rire légendaire, que les plus grandes nations sont à régime fédéral ; et il citait pêle-mêle les Etats-Unis d'Amérique, la République fédérale allemande, la Suisse ou encore l'Espagne ! En même temps, il descendait en flammes les régimes dictatoriaux et pseudo démocratiques. Il se dépensa également sans compter pour le rassemblement des démocrates pour une candidature unique en 1999, mais aussi en 2001 avec la Coordination des démocrates algériens (CDA), dont il présida le premier meeting à la salle Atlas. Dans le manifeste du CCDR du 16 avril 2002 pour une alternative démocratique républicaine, il conviait toutes les forces patriotiques et démocratiques à s'unir, à engager une réflexion pour être en phase avec le mouvement citoyen démocrate en gestation pour la concrétisation de cette alternative. Il a toujours cru, jusqu'à son dernier souffle, au grand rassemblement républicain, écartant tout zaïmisme ou toute velléité de leadership. Défenseur des libertés d'expression, il a toujours été à l'écoute des problèmes que vivait la presse indépendante. Il a été de tous les rassemblements, même malade et affaibli, de toutes les marches. Ne l'a-t-on pas vu en 1998, sous une pluie battante et glaciale, exiger l'impression des journaux suspendus, devant le siège de l'Imprimerie à Hussein Dey après 20 h ? De même qu'il s'est enchaîné avec les journalistes devant le Sénat pour protester contre le projet scélérat d'amendement du code pénal qu'il jugeait infamant pour la presse. Son image était devenue légendaire ; c'est toujours avec respect et affection que les journalistes le sollicitaient qui pour une interview, qui pour un entretien ou un commentaire sur les différents événements que traversait l'Algérie. Il s'y est toujours prêté avec simplicité, courtoisie et amabilité avec son éternel sourire et ses yeux pétillants. Il fut également un farouche défenseur du droit de la femme et un supporter inconditionnel de la jeunesse. La formation, l'éducation, la recherche, la santé étaient toujours dans ses propos ; son respect et sa considération à l'égard des universitaires étaient constants. A chaque wilaya, une université, disait-il ! Il répétait, à qui voulait l'entendre, qu'il était grand temps pour que le flambeau soit pris par les jeunes, que la bureaucratisation de la révolution par certains clans doit disparaître. Jusqu'à son dernier souffle, sur son lit d'hôpital à Alger, quelques semaines avant sa disparition, perfusé et devant des flacons de liquide d'ascite qu'on vidait de son abdomen douloureux, il nous répétait : « Abdelhak, Azzedine, le combat doit continuer pour la démocratie, pour une vraie république, où le peuple exerce le pouvoir dont on l'a spolié. Ce jour est proche, car ceux qui ‘‘ont coulé'' l'Algérie, (comme il le répétait souvent), ‘‘vont couler'' par le peuple ! » Ammi Salah a laissé ainsi au fond du cœur de chaque citoyen épris de démocratie, de justice et de liberté, dans celui de tous les humbles auxquels il a voulu toujours appartenir, une sorte de testament sous forme d'une petite flamme vivante, de liberté et d'espoir, pour une Algérie dont il a rêvé certains soirs au fond de sa Wilaya 2 et au crépuscule de sa vie.

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