L'archevêque d'Alger, Mgr Teissier, invite la communauté chrétienne en Algérie à se déterminer en conscience concernant le référendum sur le projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, prévu le 29 septembre. Contrairement aux nombreux autres acteurs de la scène nationale qui font campagne pour un « oui massif », l'Eglise catholique d'Algérie invite la confrérie à réfléchir sérieusement à la question qui lui sera posée. « La communauté doit se déterminer par rapport à cette charte proposée à la nation algérienne. On ne peut pas donner de consignes de vote, mais la question doit être prise au sérieux car il s'agit d'un problème sérieux », nous dit sereinement Mgr Teissier. Pour lui, le projet de charte est tellement important qu'on ne doit pas « le prendre à la légère ». C'est ainsi qu'une note à paraître dans le bulletin diocésain, le 15 septembre prochain, destinée à la communauté chrétienne, intitulée « Médiation chrétienne sur la réconciliation et le pardon », l'archevêque d'Alger indique qu' « à l'heure où le peuple algérien est appelé à se prononcer sur un projet de charte nationale, l'Eglise catholique d'Algérie réaffirme son engagement en faveur de la paix et de la réconciliation », tout en précisant que les chrétiens et les musulmans partagent la foi en Dieu. Mgr Teissier estime que « la foi nous engage à considérer que la démarche de réconciliation va jusqu'au pardon personnellement consenti ». Il considère que « le pardon est un acte personnel, exigeant et qui demande du temps. Il suppose, pour atteindre sa pleine efficacité, que les agresseurs reconnaissent leurs fautes et acceptent le pardon offert ». Pour l'archevêque d'Alger, « cette démarche est au-delà de ce que la loi est en mesure de proposer. Aucune loi ne peut imposer le pardon et le pardon ne peut se substituer à la justice. Mais le peuple attend qu'on lui ouvre une espérance ». Mgr Teissier rappelle que les croyants ont le devoir d'exercer leur responsabilité de citoyens en précisant que l'Eglise sait que ceux de ses membres, qui ont la nationalité algérienne, « répondront en conscience à la question qui leur est posée ». Par ailleurs, il signale qu'« un lien indéfectible de solidarité fraternelle a été noué entre toutes celles et tous ceux qui ont fait face et qui ont été victimes de la violence souvent, d'ailleurs, pour avoir refusé l'instrumentalisation de la religion. Nous n'oublions pas que parmi eux, il y a de nombreux imams qui ont payé, ce choix, de leur vie ».