Les enjeux, les vrais, de l'après-29 septembre 2005 commencent à apparaître. A première vue, la campagne, menée par le Pouvoir et sa périphérie, en faveur du « oui » à la charte pour la paix et la réconciliation nationale vise à neutraliser une volonté d'abstention le jour du scrutin. L'encombrement des meetings, des paroles et des discours risque d'avoir un effet contraire. D'où la chanson en boucle des dirigeants des partis de l'Alliance présidentielle sur « la présence massive » le jour du vote. Et d'où cette assurance, exprimée clairement par le leader du MSP, sur le résultat du vote. Il a parlé, dans une déclaration à la presse, de 95% de oui. Il est évident que la nouvelle pensée unique a fait disparaître le non. Et que l'on se fait presque plus d'illusion sur l'issue du référendum. Aussi, un sentiment est-il apparu chez la population de ne trouver aucun intérêt à aller aux bureaux de vote. Les traumatismes causés, par le passé, par la fraude et l'encerclement administratif et policier des consultations électorales ne se sont pas effacés. Personne, parmi les officiels, ne parle de la régularité du prochain scrutin et de la liberté du choix. Comme si la cause était entendue d'avance et qu'il n'y avait aucune crédibilité à rétablir. A l'urne et à ceux qui l'entourent. Visiblement, le plébiscite est un enjeu. Cela semble le souci principal du président de la République. Mais ce n'est pas tout. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et représentant personnel du chef de l'Etat, a annoncé, jeudi à Alger, que la prochaine étape, dans ce qui ressemble à une démarche politique, sera la révision de la Constitution de 1996. Révision qui suppose aménagement du nombre et de la durée des mandats présidentiels. C'est simple : la réforme constitutionnelle pose la problématique du troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Amar Saâdani, président de l'APN, a déjà annoncé la couleur en déclarant soutenir une autre candidature de l'actuel locataire d'El Mouradia pour la magistrature suprême. Et du coup, l'on a l'impression que les petits plats sont mis dans les grands. Et que le festin est pour les nuits prochaines. Seulement, il y a comme un grain de sable dans « les rouages » du consensus. Jeudi, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et chef du gouvernement, a dit autre chose que Abdelaziz Belkhadem. Une parenthèse : Belkhadem et Ouyahia s'envoient, depuis un certain temps, des signaux qui vont dans des directions différentes. « Il n'y a aucune discussion au sein des cercles du Pouvoir sur une révision de la Constitution », a déclaré Ahmed Ouyahia lors d'une intervention à la télévision d'Etat. Si chacun, et à sa guise, peut interpréter le sens de « discussion », il semble bien que la révision de la loi fondamentale du pays, qui bientôt sera doublée par la charte du 14 août, ne soit pas inscrite au menu du jour des grandes tables. A moins que l'on soit, encore une fois, devant une autre variante du double langage. Les prochaines semaines permettront d'y voir plus clair.