L'état du port de Bouharoun est catastrophique. Les eaux ruissellent et de grosses flaques d'eau se forment sur la principale allée de cette importante infrastructure portuaire de la wilaya de Tipaza. Les fortes odeurs nauséabondes se dégagent de cet environnement. La plupart des vendeurs, arrivés de nulle part, s'installent et occupent quelques mètres carrés pour vendre leurs kilos de poissons aux automobilistes qui se rendent à ce port. L'insalubrité des lieux est insupportable, alors que certains clients une fois arrivés chez eux, se rendent compte que le poisson acheté était congelé à l'origine. Les grillades dégagent des petits nuages de fumée à l'entrée de chaque restaurant. Les passants et les consommateurs semblent s'accommoder à cet environnement pollué et ne semblent nullement gênés par l'état infecte des lieux. Les deux bassins du port de Bouharoun ont subi une opération de dragage. Néanmoins, il reste quelques travaux de dragage à réaliser à l'entrée de ce port. Dans le cadre du programme des 100 locaux par commune, initié par le président de la République, le wali a révélé qu'une enveloppe financière de 540 millions de dinars a été allouée à la wilaya de Tipaza pour l'exercice 2005. Au niveau du port de Bouharoun, existe un grand hangar qui a été laissé à l'état d'abandon depuis plus de 12 ans. La décision a été prise par l'autorité de wilaya de transformer cette infrastructure abandonnée en une poissonnerie de vente en gros et en détail. Seuls les jeunes pêcheurs porteurs d'un projet ont accès à cette poissonnerie. Dans le cadre d'une convention de partenariat, l'Agence foncière de la wilaya de Tipaza a été chargée des travaux d'aménagement. Dans cet espace entièrement couvert, d'une superficie de 900 m2, qui a été laissé à l'abandon depuis des années, l'agence foncière de la wilaya de Tipaza a remis en état un sas, une chambre de congélation et deux chambres froides. Au niveau de la surface réservée à la commercialisation des poissons, 32 étals de vente de détail ont été construits (avec de la faïence), de façon à ce que les poissons se vendent dans des conditions sanitaires réglementaires. Une petite partie de ce grand hangar a été réservée aux mandataires. Selon un vendeur de poisson à Bouharoun, c'est l'anarchie qui règne au port qui a favorisé la prolifération des commerçants illégaux des produits de mer. « Je suis un fils de Bouharoun. Il n'y a pas plus de 12 vendeurs légaux de poissons ici au port », explique-t-il. Les patrons de pêche se sont élevés dans le passé contre la présence de ces commerçants, car ils veulent s'impliquer dans la vente de leurs produits pour maîtriser davantage le marché du poisson et ne pas subir le chantage. « C'est nous qui investissons le plus et souffrons le plus pour obtenir ces quantités de poissons, alors que ces commerçants ne sont que des intermédiaires qui se soucient beaucoup plus du gain facile et non pas de la couverture de nos charges », précisaient-ils dans les années 1990. Dans cet élan d'aménagement du port de Bouharoun, un exutoire a été réalisé dans le but de canaliser les eaux usées qui ruissellent en surface, d'autant plus qu'elles produisent des odeurs nauséabondes qui incommodent toutes ces familles qui souhaitent s'évader en se rendant tout près de la mer et goutter aux poissons. Pour aménager les quais, il est prévu le lancement à la fin d'une opération de revêtement de la chaussée fortement dégradée de cet important pôle économique de la wilaya de Tipaza. L'ordre et la propreté au port de Bouharoun seront-ils respectés par ces individus habitués à nager dans les eaux troubles ?