En 1974, dans le sillage de la révolution agraire, l'Etat avait enclenché une opération de remembrement des terres « melk » situées dans le périmètre de Maghnia. La majorité des exploitations agricoles implantées dans ledit périmètre avaient connu des modifications, partielles pour les unes, totales pour les autres. Curieusement, en procédant à l'échange de ces terres, l'administration de l'époque n'avait pas annulé les anciens titres de propriété. Autant dire que cet imbroglio a crée des situations conflictuelles entre agriculteurs. Et, fatalement, ce contentieux, concernant plusieurs affaires, se trouve pendant devant les tribunaux. « C'est une erreur de l'administration et il est tout à fait logique que c'est à elle de résoudre le problème », soulignent des agriculteurs dépités. Selon nos interlocuteurs, « la justice déboute les fellahs dont les terres ont fait l'objet de remembrements pour absence de titre de propriété. Le résultat de cette situation est que certains fellahs sont dépossédés de leurs terres et que d'autres ont obtenu une double superficie. » Un document transmis aux autorités explique que « les agriculteurs ont réalisé de gros investissements dans les terres remembrées. Plusieurs fellahs ne peuvent prétendre aux aides de l'Etat puisque l'administration leur exige le titre de propriété. Fait ubuesque, le producteur ne possède pas de document étant donné que l'assainissement du foncier agricole n'est pas pris en charge dans sa totalité. » Les protestataires proposent que les fellahs soient réinstallés sur leurs propres terres et que ceux ayant réalisé des investissements soient indemnisés, ainsi que « l'annulation de toutes les décisions de justice concernant les fellahs dont les terres se trouvent à l'intérieur du périmètre. » Concernant les terres dites communales et « arch », « elles doivent être restituées dans leur totalité à leurs propriétaires initiaux (revenir à la situation d'avant 1971). « Nous estimons que la réconciliation nationale doit concerner également la régularisation du foncier agricole, ce qui aboutira indubitablement à la stabilité et la sécurité des producteurs », concluent-ils. Il convient de signaler que des commissions de daïra de régularisation du foncier agricole ont été instituées et, selon des sources officielles, près de 200 dossiers ont été régularisés jusqu'ici. Souhaitons, que cette régularisation touche le conflit dans sa globalité...