Depuis plus d'un mois, les autorités locales à Tizi Ouzou travaillent jour et nuit pour parvenir à cacher leur laisser-aller et leur incompétence, pour que le président de la République ne voie rien. Des milliards ont ainsi été déboursés pour rendre la ville plus jolie, plutôt moins laide. De Oued Aïssi jusqu'à la frontière avec la wilaya de Boumerdès, des centaines de travailleurs des services des travaux publics de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Sétif, Blida, Tipaza et Bordj Bou Arréridj ont été mobilisés pour défricher les abords des routes ou réaliser en un temps record des carrefours fleuris. Si les responsables faisaient leur travail convenablement chaque année, ils n'auraient pas besoin d'appeler en renfort d'autres wilayas pour camoufler les tares de plusieurs années d'inertie. Ailleurs, au centre-ville de Tizi Ouzou et tout le long de l'itinéraire qu'empruntera le cortège présidentiel, des travailleurs de toutes les communes de la wilaya, de toutes les entreprises publiques et certaines privées ont été mobilisés. Certains ont été réquisitionnés de force pour mettre un peu de peinture fraîche sur des immeubles noircis par le temps. Des travaux ont été réalisés en un temps record. Mais tout n'a pas été fait. Si l'avenue principale de la ville et la route de l'hôpital ont changé de look, les autres ruelles n'ont pas été touchées, sauf pour des travaux de goudronnage. Dans certains endroits, du goudron a été mis sur des distances insignifiantes. Sur un autre plan, de nombreux citoyens ont fait état des pressions exercées sur des fonctionnaires, des stagiaires, des enseignants et d'autres pour assister au meeting du Président. Ainsi dans tous les centres de formation professionnelle, des listes de tous les stagiaires et de leurs enseignants ont été transmises à la tutelle sans l'accord des intéressés. Dans les entreprises et organismes publics, les employés ont été sommés d'assister au meeting. Des dizaines de bus ont été réquisitionnés pour transporter des citoyens de toutes les localités de la wilaya. Demain, ce sera une sorte de journée chômée et payée pour tout le monde. Tizi Ouzou ne fonctionnera que pour le président. Comme c'est la première visite de M. Bouteflika, consigne a été donnée de remplir le stade du 1er novembre par n'importe quel moyen. A l'image de ce qui a été fait dans d'autres régions du pays, des citoyens seront acheminés des wilayas limitrophes, Bouira, Béjaïa et Boumerdès pour écouter le président. 30 ans après la venue Boumediène, Bouteflika sera le deuxième président de la république à faire une visite officielle à Tizi Ouzou.