La situation en Irak n'a pas occulté celle que vivent actuellement les Palestiniens, et il est à ce sujet tout à fait significatif que la justice israélienne en vienne à adresser des conseils de prudence au gouvernement d'Ariel Sharon, ou encore que l'Administration américaine rompte son silence. La justice israélienne a pressé hier le gouvernement d'Ariel Sharon de tenir compte de la condamnation du tracé de la barrière de sécurité construite en Cisjordanie par la Cour internationale de justice (CIJ) afin d'éviter d'éventuelles sanctions que tout le monde sait improbables ou tout simplement impossible à faire adopter par une quelconque instance onusienne en raison de l'attitude des Etats-Unis lesquels ont rappelé à l'ordre M. Sharon sur le dossier explosif de la colonisation, un deuxième aspect de sa politique en Cisjordanie. « Nous pensons que les Israéliens devraient respecter leurs obligations stipulées par la "Feuille de route" (...) et nous avons clairement fait savoir que l'expansion des colonies n'est pas conforme à notre interprétation de la "Feuille de route" », a affirmé jeudi la conseillère de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale Condoleezza Rice. Ce ne sont là que de simples propos puisque le président George W. Bush avait donné un feu vert implicite à cette politique en acceptant le fameux plan Sharon et le principe d'annexion de nouveaux territoires palestiniens. Quant à Mme Rice, elle fait allusion au feu vert donné mardi à la construction d'un millier de logements dans les colonies de Cisjordanie alors que la « Feuille de route », le dernier plan de paix international en date, prévoit notamment un gel de la colonisation. Rappelons que la CIJ a, dans un avis consultatif émis le 9 juillet dernier, déclaré illégale l'édification du « mur », et a appelé Israël à détruire les parties de la barrière se trouvant en territoire palestinien et à dédommager financièrement les Palestiniens pour les dégâts subis. L'assemblée générale des Nations unies a ensuite adopté le 20 juillet dernier une résolution exigeant qu'Israël respecte l'avis de la CIJ. Le gouvernement israélien a réagi en proclamant qu'il ne tiendrait pas compte de la condamnation de la CIJ. Les Palestiniens qualifient cet ouvrage de « mur de l'apartheid » et dénoncent l'annexion de facto de larges portions de la Cisjordanie. Pour le procureur général israélien Menahem Mazuz, « cet avis crée un environnement juridique international qui pourrait servir de prétexte à des mesures pouvant aller jusqu'à des sanctions contre Israël dans différents forums ». Un deuxième rapport rédigé par des collaborateurs de M. Mazuz recommande au gouvernement de « déployer de gros efforts pour modifier le tracé de la clôture » en tenant compte des principes édictés par la Cour suprême. Le 30 juin, la Cour suprême d'Israël avait ordonné de modifier le tracé de la barrière sur une trentaine de kilomètres au nord d'El Qods afin de préserver les droits des Palestiniens lésés. « Les critères sécuritaires pris en considération sont disproportionnés par rapport aux nécessités humanitaires (des Palestiniens) », avait reconnu la Cour suprême. Le débat, sans cesse escamoté du fait de complicités de certains Etats prompts à dénaturer les faits et prendre fait et cause pour Israël, se trouve donc relancé pour le plus grand intérêt des Palestiniens bien entendu, mais par extension, pour une région qui a un besoin urgent de stabilité et de paix, l'une n'allant pas sans l'autre. Mais ce principe se trouve contrarié par la politique israélienne de répression. L'armée israélienne a en effet rasé dix maisons palestiniennes et endommagé trois autres lors d'une agression à Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, selon des sources sécuritaires palestiniennes. Et les Palestiniens, qui comptent encore et toujours leurs morts, voient dans cette politique de terre brûlée des visées tout simplement expansionnistes. C'est en tout cas l'un des fondements de la politique israélienne.