Le port de Skikda assure à lui seul 84% du trafic des conteneurs à l'est du pays. Il a même réussi en moins de deux années à concurrencer le port d'Oran pour le devancer et occuper la deuxième place au niveau national, juste après le port d'Alger, avec une part de marché supérieure à 19%. Pour le trafic des hydrocarbures, le port de Skikda vient en deuxième position après celui d'Arzew avec une capacité de transit de 25 000 000 tonnes/an. Cette capacité est appelée à s'intensifier puisqu'on s'attend à une prochaine mise en service de deux bouées de chargement en off-shore qui auront à charger des supertankers dépassant les 350 000 tonnes. Au niveau de l'est, et en dehors du trafic hydrocarbures et des conteneurs, le port de Skikda demeure aussi le premier en matière de trafic de produits métallurgiques (plus de 550 000 tonnes). Il occupe la même place dans les biens d'équipement dont le trafic a carrément doublé en moins de deux années, passant de 400 000 tonnes comptabilisés en 2002 à près de 800 000 tonnes en 2004 alors que les prévisions pour 2005 semblent déjà annoncer de bonnes perspectives puisque plus de 400 000 tonnes ont déjà été réalisés au 30 juin dernier. L'intensité de l'activité de ce trafic fait que la quasi-totalité des biens d'équipement destinés à l'est et surtout aux grands chantiers du sud-est du pays transite par les quais de Skikda. Ces premières données démontrent en clair l'aboutissement d'une politique de longue haleine entreprise par les gestionnaires du port pour empêcher son confinement dans l'exclusivité du transport des hydrocarbures et lui garantir de nouveaux horizons. Aujourd'hui, le port se présente commune une valeur sûre avec cependant une option presque évidente pour une spécialisation dans trafic de conteneurs que les gestionnaires qualifient de 'vocation'. L'année dernière, la marchandise conteneurisée a constitué près de 45% du trafic global du port, alors qu' en 2002, elle ne représentait que 20%, engendrant ainsi une fulgurante croissance. « Le trafic conteneurs a enregistré en 2004 une hausse de 130% par rapport à l'année 2002 et nous prévoyons pour cette année une nouvelle augmentation de 6%, ce qui équivaudrait à 120 000 tonnes », rapporte M. Farhi, directeur des études marketing et communication de l'Entreprise portuaire de Skikda (EPS) qui continue : « Nous enregistrons encore une augmentation constante du trafic des conteneurs et nous nous devons de faire face à cette situation. Plusieurs projets ont été inscrits pour accompagner cette mue et l'entreprise a décidé d'un ensemble d'investissements que nous avons enclenché déjà avec l'aménagement de l'infrastructure. Nous venons d'ailleurs de concrétiser le projet initié en 2004 et qui a consisté en l'aménagement d'un parc à conteneurs d'une superficie de plus 5 ha au niveau de la Darse de l'ancien port. vers une entrée en bourse En deuxième phase nous prévoyons d'ici à 2010 l'aménagement d'un autre parc de 13 ha au Château vert. » M. Farhi a évoqué également le projet du port sec qu'il a d'ailleurs qualifié de « projet phare de l'EPS ». Le port sec d'une superficie de plus de 31 ha sera implanté à moins de 6 km de l'enceinte portuaire. Sa création qui aura à désengorger le port se fera durant la période allant de 2005 à 2009 en deux tranches dont la première permettra d'exploiter dès cette année plus 16 ha. Le projet finalisé devra, aux dires de M. Farhi, « se faire dans un cadre de partenariat avec les opérateurs maritimes notamment pour la création d'une nouvelle entité chargée de sa gestion ». Dans sa même volonté de répondre au mieux à la demande pressante en matière de trafic des conteneurs et pour faire face à toute éventuelle saturation des capacités d'accueil déjà existantes, l'EPS vient de créer avec les services des Douanes une zone de dépôt sous-douane. D'une superficie de 2,5 ha, la zone située à Hammadi Krouma accueille l'ensemble des conteneurs en litige. Ces projets sont accompagnés par ailleurs par un ensemble d'équipement. « Nous devons nous adapter aux exigences futures. Notre flottille est appelée à se renouveler, se moderniser et s'adapter aux exigences », dira M. Farhi à titre d'arguments et d'exposer l'essentiel des nouvelles acquisitions consenties globalement pour faire face aux deux trafics de prédilection du port, à savoir les conteneurs et les hydrocarbures. « Nous avons déjà acquis trois nouveaux remorqueurs, un ensemble de matériel de manutention pour conteneurs, des grues... » Il fera part également d'une future acquisition d'un remorquer de haute mer. « Les procédures sont en cours pour doter l'EPS d'un remorquer de près de 8 000 chevaux qui aura à intervenir dans pratiquement toutes les conditions. Il constituera un appoint inestimable aux huit remorqueurs dont nous disposons déjà. » Pour M. Farhi, l'entreprise portuaire de Skikda est une entreprise très performante en expliquant cela par le fait que « les pouvoirs publics viennent de juger de son éligibilité en bourse ». Et de continuer : « L'entreprise est en cours d'évaluation par un bureau d'études spécialisé désigné par les pouvoirs publics et l'actionnaire principal. Il est prévu avant la fin de l'année son entrée en bourse. Pour déterminer la valeur de l'action et la mise sur le marché il est prévu l'ouverture du capital de l'entreprise à hauteur de 40% qui seront répartis entre les institutions et les porteurs particuliers. Mais le dossier est en cours et on ne peut pas anticiper sur le sujet pour le moment. D'autant plus qu'en parallèle l'entreprise dispose déjà de plusieurs autres projets en cours, notamment la création d'une société mixte spécialisée dans la gestion des terminaux des hydrocarbures (STH) où nous détenons 20% du capital. » Pour conclure, on annonce déjà comme un gage de réussite et aussi de sérieux la prochaine participation des ports de Skikda à la Foire internationale de Marseille. C'est là aussi une autre façon de prouver que l'EPS se porte très bien.