Un colloque sur l'histoire, intitulé « Pensée politique algérienne de 1830 à 1962 », s'est ouvert hier à Alger avec la participation d'une pléiade d'éminents historiens algériens et français. L'ouverture de cette conférence, prévue pour deux jours, a été ponctuée par une intervention solennelle du Président Bouteflika, donnée en présence de nombreuses personnalités historiques nationales et des ministres du gouvernement. Le chef de l'Etat, qui a lu d'une traite son allocution, a souligné la nécessité de faire en sorte que la pensée politique aille de pair avec le développement national pour qu'elle soit productive. « La pensée politique algérienne contemporaine se doit d'aller de pair avec le développement national, en ce sens qu'il représente la seule pensée qui sera bénéfique au pays et la lutte qui conduira à la victoire », a indiqué le chef de l'Etat. Comme pour joindre le geste à la parole, Abdelaziz Bouteflika a dressé un bilan exhaustif de son premier mandat. Chiffres à l'appui, il a rappelé les efforts déployés, depuis son arrivée au pouvoir en 1999, pour relancer la machine économique nationale, rétablir la paix et réparer les stigmates de la crise. Le chef de l'Etat a évoqué, par ailleurs, ses projets futurs à la tête de l'Etat. Dans ce contexte, Abdelaziz Bouteflika a mis en exergue l'idée que « la Réconciliation nationale ne peut être qu'une faible lueur d'espoir si nous échouons dans notre développement et si nous ne trouvons pas de raison durable pour vivre ensemble, convaincus que le destin de tout un chacun est indissociable du destin collectif national ». Evoquant son projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, devant faire l'objet d'un référendum ce jeudi, le chef de l'Etat a appelé une nouvelle fois le peuple algérien et « particulièrement » les victimes de la tragédie nationale à consentir « un nouveau sacrifice dans l'intérêt du pays pour panser les blessures qui continuent à faire souffrir le corps de la Nation ». Abdelaziz Bouteflika, qui bouclera aujourd'hui ses visites marathon destinées à sensibiliser la population autour des objectifs assignés à cette charte avec l'animation d'un meeting à Alger, s'est dit confiant que l'Algérie « saura puiser sa force de son passé et de ses valeurs pour unifier sa parole et resserrer ses rangs au service de la paix et de la réconciliation nationale ». En revanche, et contrairement aux attentes, le président de la République n'est pas revenu sur le dossier algéro-français et sur la controverse suscitée par la loi adoptée par le Sénat français, le 23 février dernier, glorifiant la colonisation. Néanmoins, il a saisi l'opportunité pour rappeler les souffrances endurées par les Algériens durant la longue nuit coloniale et les sacrifices consentis pour recouvrer leur indépendance. Mais l'évocation de la période coloniale a surtout servi au chef de l'Etat pour faire comprendre la nécessité de s'imprégner des enseignements de la Révolution pour dépasser « définitivement » la crise à laquelle fait face l'Algérie depuis une quinzaine d'années. Au chapitre des communications programmées dans le cadre de ce colloque, la matinée d'hier a vu les interventions de chercheurs de renom, tels Belkacem Saâdallah, Mahfoud Kaddache, Abdallah Chériet, Amar Talbi sur la notion de l'Etat. Durant l'après-midi, Omar Lardjane, Pierre et Claudine Chaulet, Abdelmadjid Merdaci et Habib Tengour ont, quant à eux, traité de la notion de société. La journée d'aujourd'hui sera consacrée aux problématiques de la « nation et de l'union ».