Un important colloque sur Lacheraf et l'histoire de l'Algérie s'est ouvert hier à la bibliothèque d'El-Hamma en présence de plusieurs historiens, chercheurs et amis de Mustapha Lacheraf dont Mohamed Harbi, Daho Djerbal, Sari Djillali, El-Korso Mohammed ainsi que d'autres personnalités invitées afin d'apporter leurs témoignages soit pour avoir côtoyé l'historien comme Réda Malek, ou être natif du même village tel le journaliste écrivain Aït Sidhoum Slimane, soit pour avoir étudié ses ouvrages ou son parcours, comme Benramdane Farid. Durant cette première journée du colloque, les conférenciers, qui ont eu à intervenir, ont tenté de mettre en évidence l'apport de Mostefa Lacheraf à l'histoire, à la culture et à la société algérienne ; même si ce dernier n'est pas historien de formation, se disent-ils, il reste une référence essentielle du fait de son livre Algérie Nation et Société pour toute la génération d'universitaires, de chercheurs, d'intellectuels des années 1960 jusqu'à nos jours, comme le mentionne dans son intervention le chercheur Touati. D'autres points de vue ont été développés, notamment son influence spirituelle, nourrie avant tout de marxisme ; sa méthodologie de travail car n'étant pas historien de formation, ni universitaire, il a dû créer sa propre méthodologie pour aboutir à un travail qui s'est concrétisé par la publication de plusieurs ouvrages ; également son parcours comme étant celui de quelqu'un qui a accompagné le Mouvement national depuis la fin des années 1930 au sein du Parti du peuple algérien (PPA). “Mostefa Lacheraf a écrit sur la culture et la religion, sur la société et la révolution et, sans doute, ses analyses les plus globales sont celles qu'il a consacrées au colonialisme et à ses crimes”, dit El-Korso dans son intervention : “Lacheraf et l'histoire de l'Algérie.” Et même “s'il n'est pas historien au sens commun du terme… ses travaux se sont imposés aux historiens et aux sociologues. Cette évidence a permis de mettre justement en exergue d'autres évidences ; le fait que Lacheraf reste méconnu des étudiants et universitaires algériens, mais il a connu aussi une certaine “marginalisation” du fait qu'il ne cadre pas avec le discours officiel du parti unique et de l'Etat. Ce qui ressort de cette première journée du colloque consacré à Mostefa Lacheraf c'est que ce dernier n'a pas écrit pour écrire mais a milité par la plume, en tentant de démystifier la colonisation. Il a au fait mené un combat politique contre le colonisateur d'abord afin d'éveiller la conscience des Algériens, puis contre toute forme de démagogie et de bureaucratie qui freine l'évolution de la société. N. B.