On peut débattre sur les positions des uns et des autres à propos de la tenue du référendum relatif au projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, mais il faut prendre acte de la sincère volonté de nos concitoyens, qui vivent à travers la péninsule, de tourner une page de l'histoire récente de l'Algérie par le geste du vote. Vêtus comme les jeunes Italiens de leur âge, tee-shirts sans manches et jeans tombants, à la dernière mode, deux Algériens nous lancent, souriants mais graves, en quittant le bureau de vote, à l'ambassade d'Algérie à Rome : « Nous n'avons jamais voté de notre vie, parce qu'on n'y croyait pas, mais cette fois, on est venu parce qu'on veut la paix pour notre pays. » Deux familles sont à peine entrées dans l'enceinte de la représentation diplomatique algérienne, rue Barnaba Oriani, qu'un orage éclate. Les enfants s'accrochent au hidjab de leur maman. L'une d'elles nous raconte qu'elle habite dans la localité touristique de Tivoli (35 km de Rome) et que son amie, sa voisine à Alger, habite pas très loin, à Bagni Tivoli. Arrivées en Italie depuis quelques mois dans le cadre du regroupement familial et mariées à des Algériens installés en Italie depuis des années, toutes deux n'ont pu voter car leurs noms n'ont pas encore été inscrits sur les listes électorales. Point découragées, elles nous affirment qu'elles feront voter, par procuration, leurs parents en Algérie. Une autre famille a profité de ce dimanche, jour de repos, pour participer au référendum. Avec leur adorable enfant de 2 ans, ils ont fait le voyage depuis Viterbe (90 km de Rome) pour joindre le bureau de la région du Latium, sis à Rome. Nos ressortissants, régulièrement immatriculés auprès des services consulaires et inscrits sur les listes électorales, sont au nombre de 5375, dont 1595 à Naples, 1491 à Rome et 2309 à Milan. La campagne de sensibilisation menée par l'ambassadeur à Rome, Mokhtar Reguieg, et le consul général d'Algérie à Naples, Mohamed Gaouar, a porté ses fruits. Des placards publicitaires publiés dans les journaux italiens et diffusés par certaines stations de télévision ont fait le reste. Mais au-delà de la signification politique de ce référendum pour nos ressortissants, ce vote est toujours l'occasion pour eux de se rencontrer et d'éprouver comme une véritable « immersion » dans l'air du pays.