Hormis les partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP), le PT, El Islah et à un degré moindre l'UDR, la classe politique est unanime à rejeter le projet de charte, soumis aujourd'hui à référendum. Le FFS, qui est allé jusqu'à qualifier le texte de « tsunami populiste », semble s'inscrire en position de chef de file des partisans du « niet », conforté en cela par une assise ancrée, tant en Kabylie que dans le reste du pays. Si d'emblée le parti de Aït Ahmed se défend d'être « hostile à la réconciliation » par un ironisant « C'est une blague ! » (lire l'entretien accordé à El Watan du 27 septembre 2005), il en donne pour autant ses raisons. « Ce projet n'a rien à voir ni avec la réconciliation ni avec le retour à la paix qui, soit dit en passant, demeure assez relatif », tranche l'historique. Pour lui, « ce plébiscite permettra à Abdelaziz Bouteflika de réaliser ses propres ambitions (...) dont tout indique qu'elles se soucient assez peu du destin et du sort des Algériens ». Appelant au boycott du scrutin, le président du FFS ne fait pas dans la dentelle lorsqu'il compare la vision du chef de l'Etat à celle de Kim Il Sung, ex-président de la Corée du Nord. « Rien n'y manque : ni la réquisition par centaines de bus et par milliers de fonctionnaires dont la désobéissance signifierait limogeage ; ni la répression pure et simple et dure, par exemple contre les familles de disparus ». Et de décréter : « Le régime ne demande pas pardon pour le désastre provoqué (durant la décennie rouge, ndlr), ne se remet pas en cause, mais responsabilise, au contraire, la société du marasme politique, social et économique dans lequel sa gestion a plongé ». Le secrétaire général du RCD, Saïd Sadi, s'inscrit dans la même logique que son ancien maître à penser (dans sa jeunesse, Saïd Sadi avait milité dans les rangs du FFS) avec, en prime, une dose qui s'apparente à un fatalisme. « Le texte n'est pas une volonté d'apaiser les esprits. C'est un brouillon pour une Constitution qui consacrerait le pouvoir absolu. Le chef de l'Etat veut rester au pouvoir jusqu'à sa mort. On viole les consciences pour faire admettre que le chef de l'Etat est nécessaire et qu'il n'y a pas d'autre alternative », ironise-t-il. Déniant à Abdelaziz Bouteflika le statut de président de la République - « Je dis toujours le chef de l'Etat car un président est élu démocratiquement » -, Saïd Sadi considère que le 29 septembre « est un second coup d'Etat ». « Le premier a été commis en 1965 contre Ben Bella », soutient-il. Quant à Ali Hocine, premier secrétaire du MDS, il faut carrément « barrer la route à la charte de Bouteflika ». Les raisons ? : « Au-delà du compromis (du pouvoir) avec l'islamisme, pour le MDS, rejeter le référendum signifie rejeter le système qui perpétue la marginalisation. Alors que les démocrates sont accusés de jeter de l'huile sur le feu, les Madani Mezrag, Kertali et Benaïcha organisent des meetings. » De son côté, Abdelhamid Mehri, ex-SG du FLN, estime que le projet de charte reste figé « puisque ne permettant pas de le discuter ou de l'amender ». « Et c'est pour cette raison qu'il est inutile de le débattre », dit-il sans appeler au boycott ou donner une consigne de vote. Directement concernées, les familles de victimes du terrorisme et de disparus opposent un niet catégorique à la charte, martelant que recourir à « l'oubli », comme le préconise Bouteflika, n'aidera jamais à instaurer la paix et la justice.