Pour le bureau de Constantine de l'association d'alphabétisation Iqra, la saison 2005-2006 s'annonce déjà difficile. Malgré tous les efforts consentis et le rôle pionnier accompli en matière d'alphabétisation depuis sa création en 1990, l'association Iqra à Constantine bute toujours sur l'inextricable problème de recrutement des encadreurs. La sonnette d'alarme a été déjà tirée au début de l'année en cours suite aux décisions prises par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale de réduire le nombre des postes octroyés dans le cadre de l'emploi des jeunes. Le bureau de la wilaya de Constantine s'est vu ainsi supprimer les contrats d'emploi de quarante enseignants, dont 36 filles en poste depuis des années et ayant même exercé dans des lieux éloignés du centre ville. « Les données de la nouvelle saison entamée le 1er octobre ne sont guère rassurantes du moment que le problème des quarante enseignants n'a pas été encore régularisé », nous confiera Djamel Bouhdjar, directeur du bureau de Constantine de l'association Iqra. Les concernées qui touchaient un salaire de 2275 DA/mois et en dépit de leur situation de chômeurs après un licenciement injustifié continuent d'assurer leurs cours bénévolement en attendant une éventuelle régularisation qui tarde à venir. Les enseignants ont fait preuve de volonté et de bonne fois alors qu'ils n'ont pas été payés depuis janvier dernier. Cette situation risque de compromettre sérieusement le programme d'enseignement de l'association présente dans une soixantaine de centres répartis sur les douze communes de la wilaya. L'abandon de ces encadreurs sera synonyme de fermeture de plusieurs classes. Malgré l'installation récente d'une commission nationale chargée d'établir une stratégie de lutte contre une augmentation galopante du taux des analphabètes parmi la population, aucune mesure n'est venue renforcer les efforts entrepris par l'association sur le terrain. Dans la wilaya de Constantine où le nombre des analphabètes est estimé à près de 137 000 personnes, le nombre des inscrits ne dépasse pas 3150 élèves, dont 150 nouveaux. On y trouve même des jeunes n'ayant pas achevé leur cycle de scolarité obligatoire. Le départ de ces compétences avérées sera une véritable hémorragie pour l'association Iqra qui aspirait à ouvrir de nouvelles classes. Les démarches entreprises par la présidente de l'association en direction du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale n'ont finalement pas abouti. « Nous comptons beaucoup sur une intervention du wali qui s'est montré très attentif à nos préoccupations, surtout qu'il demeure le premier responsable de l'exécutif à Constantine à nous avoir accordé une audience depuis des années », souligna Djamel Bouhdjar.